Tag Archives: VIP

Bomeur

18 nov

Ce n’était pas bien compliqué : bomeur, contraction de « bobo » et  de « chômeur ». Dans une société qui sécrète le néologisme comme la pop star, Nathanaël Rouas, ex-créa’ de son état, a eu la riche idée de fondre les deux termes pour donner naissance à ce nouvel alliage lexical et urbain. Là où d’autres se contentent de bayer aux corneilles, notre jeune homme de 28 ans, plus moraliste que sociologue, crée dans la foulée un Tumblr dans lequel il raconte (avec humour) le quotidien passionnant de cette espèce en voie de prolifération, dont il se pose en spécimen représentatif.

Sans parler du reste : page Facebook, compte Twitter, application Instagram, etc., où il relaye l’info à grand renfort d’updates. Lever 11 h, 13 h déj en terrasse avec un pote, suivi d’un pseudo rdv boulot où ça parle projet ultraconfidentiel autour d’un p’tit café. Enfin apéro, puis sortie en club. Ainsi de suite. Le bomeur, à l’instar du chômeur, voire du slasheur, cultive l’art de se la couler douce en bonne conscience.  Ses dix stages de trois mois enchaînés et terminés, il profite d’un premier CDD de six mois pour pointer au Pôle emploi. Moyennant quoi il peut partir faire des photos à l’autre bout du monde, tandis que les copains se tuent à des burn-out dans les open spaces.

En soi, rien de nouveau, si ce n’est que les médias (Libé et les Inrocks en tête), en quête de sujets, s’emparent du phénomène et alimentent le buzz. Conclusion : de bomeur, voici notre histrion promu VIP. On connaît la suite : bientôt l’entrée du mot dans le Petit Robert. Et demain un roman chez Grasset. En attendant, Nathanaël court les plateaux de télé et les interviews.  Il y a de bonnes idées qui sont des coups de génie.

Jeanne Ably

 

Bas les masques !

10 nov

Tendance chez les Vip : le bal masqué. Vogue, Grazia, Irreverent, tout le monde rivalise en soirées costumées style Louis XIV.  Idem chez les créateurs qui s’inspirent du Grand Siècle à grand frais d’escarpins vernis et de faux-culs. Quant à Courtney love, elle pose en noeud lavalière sur fond de jardin anglais pour Vanity Fair. Conséquence : de Chantilly à Versailles, beaucoup de châteaux à louer. Le Petit Trianon rouvre ses portes, tandis que le Palais royal accueille les collections de Marc Jacobs et de Stella Van Cleef.

Nostalgie d’Ancien Régime. Furie de Marie-Antoinette (définitivement réhabilitée dans le cœur des Français par Sofia Coppola). On parle de protocole, on soigne l’étiquette. On danse valses et menuets. On s’affiche aux côtés d’une Charlotte de Monaco qui est tout de même une Grimaldi. On rêve d’être la prochaine Clothilde Coureau ou la nouvelle Carla. Ah ! Épouser une tête couronnée !… Séduire Arnaud (de) Montebourg, qui ressemble tant à Antonio Banderas…

En attendant, la Parisienne du XVIIIe (arrondissement) se mire dans des glaces du XVIIIe (siècle) et suspend au-dessus de sa cheminée une tête de cerf. Fini les soirées au rade du coin, chaussée de baskets tricolores. Place aux Capétiens, morbleu !

J.A

Parvenu

30 juil

Si on espérait jadis épouser un vicomte et faire son entrée à la cour en robe à panier, aujourd’hui on joue des coudes en direction des carrés VIP débarrassé de sa particule. Si les Rastignac et Georges Duroy “de Cantel” (dit Bel Ami) n’ont jamais cessé de courir les rues, la donne a quelque peu changé. L’ambition post-moderne est d’être “connected”, pour ne pas dire branché, et d’obtenir coûte que coûte ses passe-droits dans les soirées de la capitale sans faire la queue – ô rage, ô désespoir. 
       Véritable sacerdoce. Nulle trêve pour le parvenu des temps modernes. La “night” cinq soirs sur sept afin de récolter des cartes de visites et de claquer la bise à Begbeider dans les toilettes du Montana. La feuille de route est simple : faire du RP à grand renfort de name dropping et avoir l’air de connaître tout le monde. Mais sans en faire des tonnes. Garder toujours un air un peu lointain. Ne jamais se départir de son humour (ravageur) et de sa causticité (légendaire). Avec un peu de chance, obtenir – tous les moyens sont permis – les faveurs d’un rockeur ou d’une comédienne dans le vent. Ascension plus que parfaite.

Jeanne Ably

 

Pétanque

15 sept

La pétanque : ringard ? Ça non ! Vu  cet été à Saint-Trop’ : Vanessa paradis et Diane Kruger taquinant le cochonnet, jeans moulant et talons hauts, à l’occasion d’un tournoi très vip organisé par Karl himself pour la maison Chanel. Signe qu’après Barclay, Montand et  F.-M. Banier, la relève est  assurée chez les pipoles. Il était temps.   

        Quant à nos branchés parisiens – ah, toujours eux ! – ils envahissent en force les aires gravillonnées du canal Saint-Martin et des quais de Seine, avec la panoplie idoine (pastaga et strings de pied), n’hésitant pas, en cas de litige, à sortir leur iphone pour prendre des mesures grâce à l’application boulomètre.
De quoi requinquer le retraité bedonnant et le campeur à bob Ricard, longtemps brocardés pour  leurs mœurs de prolos. Mais d’ailleurs, qui dit que c’est prolo, la pétanque ? Pas nous, en tout cas.

J.A

photos : Hélène Pambrun


Couguars

11 jan

Révolue, l’époque où seuls les hommes folâtraient sans vergogne, moyennant  les faveurs de nymphettes obligeantes. Désormais c’est aux “cougars” de faire provision de chair fraîche à la sortie des lycées.  
        Élu mot de l’année 2007 par le Time magazine, ce terme de cougars (en français couguar, autre appellation du puma) désigne cette catégorie de dames d’un certain âge, jadis nommées rombières, mais aujourd’hui aussi à l’aise dans leurs stilletos que question porte-monnaie, et qui ne jurent que par les p’tits jeunes.
La femme du XXIe siècle n’en est plus à conquérir son indépendance financière ni son droit au travail (la pauvre !). Elle affirme son autonomie sexuelle. Pour se convaincre de cette réalité sociologique, suffit d’ouvrir Voici ou Gala : Claire Chazal, Amanda Lear, Demi Moore, Madonna, combien sont-elles, ces stars dopées aux protéines, gonflées au Botox et accros à la muscu, à exhiber leurs liftings aux côtés de jeunots à boucles blondes, en toute insolence ? On ne les compte plus, et pour cause : la tendance absolue chez nos amies les people, le must à Hollywood, est d’arpenter les red carpet son trophée gigolesque sous le bras.
Petit et grand écrans se sont emparés du phénomène. Témoin, une série télévisée, Cougar Town, sur la chaîne américaine ABC, avec Courteney Cox dans le rôle de la prédatrice, et quantité de films : Chéri, tiré du roman de Colette, avec Michel Pfeiffer, Puma, avec Jennifer Aniston (pas si vieille, pourtant),  Cliente, avec Nathalie Baye, etc., etc.  Ce ne sont plus les VIP ni même les vieilles pies, mais les vieilles peaux. Le net n’est pas en reste : un site www.dateacougar.com propose à de jeunes éphèbes de se faire manger en ligne par ces femelles carnassières un peu mûres mais aux dents longues.
Résultat : les couguars piquent leur gibier aux jeunettes et font de l’ombre à leurs propres filles (telle Demi Moore). Mettant leur ménopause à la portée de toutes les bourses (hum ! ), elles assurent leur revanche sur ces messieurs, définitivement déchus de leur monopole de la bagatelle, et renvoyés une fois pour toutes à leur football. Vive l’égalité des sexes !

Jeanne Ably

Back from Berlin ( épisode 3)

5 oct

Attardons-nous un peu sur les terrasses de café berlinoises.  Non pas parce que le brunch est à moins de dix euros. Enfin si, mais surtout parce que vous voilà assise à siroter tranquillement votre verre sans avoir à subir les résonances intempestives de la ville ( klaxons, pots d’échappement et autres joyeusetés sonores). Berlin est une ville calme. C’est de notoriété publique.  Et Dieu sait qu’elle bouge, pourtant : la fête est ici une spécialité de réputation mondiale. Underground, cheap (entre cinq et dix euros l’entrée en boîte de nuit), so hype, tellement plus cool et pas discriminatoire pour un sou. Tout le monde entre bien-sûr. Pote avec la clique ou non. Looké ou pas. Rien à voir,  en somme, avec nos très  branchés clubs parisiens, aux shorts lists comprimées et aux carrés vip à 300 €  la bouteille de vodka.

Pour en revenir aux terrasses berlinoises, un détail à signaler : quantités d’entre elles sont équipées de grandes tables en bois avec des bancs. Parfait pour fédérer les troupes et  tailler une bavette avec son voisin de table,  qui s’avérera  — avec un peu de chance — être un Apollon  intelligent, richissime, sensible, élégant, drôle, galant et parlant couramment la langue de Voltaire.

Enfin, les W.-C. à Berlin. Sujet qui mérite une place de choix dans ce blog. Ils sont collectivement un monument d’hygiène.  On y trouve tout ce qu’il faut pour sa toilette quotidienne. Coton-tige, lait démaquillant, brosse à cheveux, shampoing 2 en 1 et même tampons  hygiéniques pour les étourdies. Vous y pénétrez toute décatie pour faire on ne sait quoi et vous en ressortez remise à neuf, aussi  fraîche et légère qu’une bulle de champagne. Magique. Wunderbar !

Les Français ont une solide réputation de saleté, et c’est un fait que s’il fallait juger de la propreté d’une population à l’état de ses toilettes publiques, nous ne décrocherions pas la palme d’or. Les Allemands, eux, peuvent y prétendre.

J.A

 


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