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La revanche des groupies

16 nov

Qu’est une rock star sans groupie ? Un peintre sans sa muse, un geek sans Mac book 17 pouces, un macaroni sans fromage. La rock star sans ses groupies perd sa raison d’être. Âme, foi, conviction, crédibilité, authenticité, tout disparaît, se volatilise. Et voilà le mythe en perdition : l’idole n’a plus qu’à pousser sa chansonnette dans les salles polyvalentes. Imaginez les Stones animant la choucroute du troisième âge. Face à eux, un cénacle de rhumatisantes au lieu de l’armada de nymphettes piaillant comme des damnées. Grotesque. Impensable

         La groupie remonte à l’âge d’or du rock. Elle participe du trio d’enfer : sex, drugs & rock’n roll. Obstinée, exaltée, dépourvue de tout amour-propre, voire de prudence, et peut-être de bon-sens, elle campe trois nuits de suite devant un guichet clos, grimpe au lierre pour atteindre les balcons, se glisse sous la banquette arrière pour effleurer son idole et lui arracher un autographe, un poil de barbe, une goutte de sueur, un rendez-vous, à la rigueur un viol (juteux procès en reconnaissance de paternité à prévoir) .
C’est l’héroïne balzacienne rampant dans l’ombre des coulisses et réduite à une viande de confort, tout juste bonne à assouvir ce qu’il reste d’instincts primaires au héros après vingt cannettes de Kronenbourg et trois lignes de coke.  En témoigne le mot célèbre de Mick Jagger : « Il n’y a vraiment aucune raison d’emmener sa femme en tournée, sauf si elle a un boulot à y faire. La seule autre raison serait de baiser mais pour ça on n’a pas besoin d’elle.»

        Attention tout de même,  mon vieux Mick.
Les temps changent. La groupie 2010 n’est plus ce qu’elle était dans les années 70. Elle a grimpé les échelons. Elle aime Bénabar. De  simple hystérique dévouée corps et âme et prête à tout (même à se tailler les veines) pour être photographiée au côté de son idole, l’admiratrice 2009 s’est quelque peu vipisée. Mannequin à succès, actrice célèbre, fille de, elle est désormais plus convoitée que sa star, gagnant plus d’argent qu’elle et faisant davantage la une des tabloïds.
Résultat de ce revirement sociologique : elle arbore  désormais  son rockeur à son bras avec la même désinvolture qu’elle accrocherait à sa prestigieuse clavicule l’avant-dernier sac griffé Balenciaga. Has been, le it-bag ! L’accessoire de mode ultime est dorénavant le it-rockeur.

Jeanne Ably

 Photos : Hélène Pambrun

Le ring’ sur le ring

2 avr

Imaginez le film Cry baby avec les “frocs moulants” en laissés-pour-compte et les “coincés” en redoutables meneurs faisant la loi, le rock’n’roll et la délinquance juvénile ayant baissé les armes devant la bienséance.
Ce remake inversé du succès de John Waters résumerait l’esprit de 2010, époque où le ringard revient furieusement en vogue.
Eh oui, l’overdose de grunge et de rock que nous avons subie ces derniers temps a engendré un revirement à 180°.
Dans les années 50, pour choquer le bourgeois, il fallait, tel Johnny Depp en Wade Walker, balader ses tatouages en Harley, cheveux au vent et surtout sans casque. Soixante années plus tard, c’est à Vélib qu’on est dans le vent, et casqué comme une guêpe. Comme ça tout le monde est content, écolos et hosto.
Sur la scène parisienne, les grandes lunettes ostensibles ne sont plus l’apanage des seuls premiers de la classe, et ne signifient plus la myopie. Leur port ne vaut plus à personne l’appellation infamante de binoclarde. Avec la meilleure vue du monde, on s’en embarrasse pour le style.
Exit le cheveux peroxydé. Has been, “la fille perdue au cheveux gras” et  bicolores, racines noires et pointes jaunes. Notre baromètre de la tendance Kate Moss affiche désormais une teinte plus proche du troisième âge que de la post-adolescence. Pour preuve, l’apparition de KM à la soirée de lancement de sa ligne de sacs Longchamp, coiffée d’un chignon grisonnant.
Télécharger de la  musique, du vol ? En tout cas, l’achat de CD appartient désormais à l’archéologie des moeurs. Pour être sur le bon tempo, il faut maintenant écumer les brocantes ou vide-greniers, et y dénicher des vinyles. Aux ordures, la chaîne hi-fi minimaliste ! Vive l’antique gramophone! Longue vie au bon vieux tourne-disque!
En résumé, pour être dans le coup, soyons ringard. Ceci n’est pas un oxymore. Reste à savoir quoi faire de nos dix doigts actuels. La solution est simple: procurons-nous de la laine et des aiguilles, et réapprenons à tricoter. Passe-temps aussi tendance qu’utile : le pull jacquard est la quintessence du branché!

Suzanne Ably

 

SoPi

27 jan

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Has been de Saint-Germain-des-Prés, bienvenue à Sopi !  Entendez : South Pigalle. Paris prend des airs de Big Apple et s’invente des vocables pour désigner ces quartiers où il fait bon exhiber son dernier Jérôme Dreyfus au bras d’une rock star. La bonne blague ! Pourquoi pas Wema pour l’ouest du Marais ou Nomont pour le nord de Montmartre.
Autrefois repaire notoire de truands et royaume du proxénétisme, cette frange du  IXearrondissement avoisinant la rue des Martyrs est devenue le sanctuaire des bobos parisiens et des artistes chébrans. Les chanteurs Gonzalez et Hugues Coltman, Audrey Tautou,  Jean-Paul Gaultier, tous, sans exception, y ont assigné leur résidence, abandonnant leur bon vieux VIe aux seuls touristes et provinciaux. Avec le résultat qu’on devine : le centuplement du prix du mètre carré et du kilo de carottes.
Autre symptôme de boboïsation aiguë : les  boîtes de nuit tendance, salles de concert arty, restaus branchés, concept stores, sans oublier les boutiques bio (bio-bio !), commerces équitables et autres temples de la ménagère  hype s’implantent dans le quartier  à côté  des officines de strip-tease et des sex-shop à tenancier asiatique. Pour ne citer que quelques-uns de ces « délicieux de perdition » :  Chez Moune, les Trois Baudets, l’hôtel Amour,  Rose Bakery, autant de rendez-vous privilégiés des peoples évanescents et des ultra-lookés. Ils s’y réunissent pour virevolter sur le dernier titre de Vampire Week-End, mais surtout pour parler de la nouvelle expo où il faut à tout prix aller s’ennuyer à mourir, sous peine de mort sociale… Primauté de l’esprit. 

Jeanne Ably

 

 

 

La jeune fille à la poudre

9 nov

Elle prend de la coke ! Tollé général sur la planète mode. Les  maisons de couture se cabrent. Ses contrats sont résiliés. OK, personne n’était dupe, mais tout de même : ça fait « moss ».  Son entourage est formel : Kate doit plaquer fissa son junkie de Pete Doherty et partir en désintox.

Septembre 2010:  Kate  est toujours là, cédant pour des millions de dollars ses droits à l’image, et multipliant les spots publicitaires ( et pour n’en citer que quelques uns : Longchamp, Dior, Balmain…).

Ni ses trente-six bougies ni le scandale vieux de cinq ans n’ont eu raison de sa gloire. Au contraire. La brindille garde la faveur du public, renforcée depuis ce jour « béni » où elle s’est fait prendre non pas la main, mais le nez dans le sac.

Livres publiés à son sujet, statues en or massif érigées en son honneur, des couvertures et des éditos à ne plus savoir où donner de la tête, etc, etc. Les fashionitas non seulement portent le même slim qu’elle et se décolorent en blond platine, mais se mettent à tracer des lignes. La star est devenue madone de la poudre blanche.

Citons Christophe Salmon, auteur de “Kate Moss machine”, paru l’an dernier aux éditions Découverte : « Moss n’incarne pas une dérive du système mais son idéal type. Elle est la rebelle intégrée. L’excès assumé. Non pas la transgression des codes mais un nouveau code contradictoire qui fait de la transgression une norme sociale.»

Norme sociale… En gros, pour être dans le coup, il faut  avoir l’air rock’n roll et si possible consommer des substances illicites à même le carrelage des chiottes. So Kate ! On est l’idole d’une génération où on ne l’est pas. Mais quelle génération ? S’il faut la juger à l’aune de son icône, plus célèbre pour ses cuites à répétition ( voyez encore son apparition très remarquée à la dernière soirée Vogue où la brindille tenait à peine debout ) et ses bagarres dans des chambres d’hôtel que pour ses recueils d’aphorismes, le constat n’est pas brillant brillant .

Mais ne généralisons jamais. Ou si nous le faisons, que ce soit avec modération.

Jeanne Ably

Séance de photos

10 oct

À quoi se livrent les filles tant soit peu frivoles (les seules dignes d’intérêt) quand elles se retrouvent entre elles, un samedi  après-midi ?
À une séance de photos, pardi.  
Ne le niez pas : vous vous êtes forcément, un jour ou l’autre, mutuellement mises en scène sous vos plus beaux atours pour prendre la pose face à l’objectif (et ajouter in fine quelques clichés canons de vous à vos archives personnelles). 
Ci-dessous, un aperçu du résultat lorsque Lucie, Alice et Louise jouent les top models pour leur copine Blandine, photographe de son état  :

 

Que retenir de cette séance, hormis le fait que nos protagonistes jouent le jeu avec un brio digne de pointures internationales ? On vous le donne en mille : les Carolinas – vous les  avez reconnues, pour peu que vous soyez un poil assidu(e)s – sont une fois de plus à l’honneur. 
Portées avec une petite robe à froufrou, elles permettent de casser le côté un peu sage de la tenue et d’y ajouter subrepticement la touche de rock’n roll idoine. 

Autre article indispensable dans toute garde-robe qui se respecte, les bottes indiennes. À porter à toutes les sauces : avec une petite jupe, par-dessus un jean, sur des collants opaques, en pyjama, jambes nues, sans jambes du tout, etc. À toutes les sauces, j’vous dis. Et même par temps de chien, avec un bon imper mais expressément sans le chien (machine à crottes). Succès assuré.

Le look dandy, lui aussi, est de mise. Il sera, dit-on dans les milieux informés, la grande tendance de l’hiver 2010. Le concept est le suivant : afficher des airs de garçonnet battu par sa marâtre en s’affublant de vêtements piochés dans le vestiaire du cher et tendre. Effet garanti. 
Indispensable, la  gavroche juchée au sommet de la tête. Elle balise le chic comme le point final clôt la dictée.



Enfin, dernier élément sous le feu des projecteurs : la ceinture, déjà célébrée dans notre dernier post. Portée scrupuleusement à la taille, elle exalte les pleins et affine les déliés. Rien que ça. Version B.B. ou Marilyn à leurs très riches heures de triomphe sensuel, résolument irrésistible.

J.A


photos: Blandine Lejeune

La petite robe blanche

17 sept


La petite robe noire a bonne presse. On ne tarit pas d’éloges à son propos : soi-disant indispensable élément de toute garde-robe, base obligée d’une tenue chic, et patati et patata. À l’unanimité répétitive et discriminatoire, elle serait la pièce maîtresse du dressing.

Eh bien moi je veux chanter la petite robe blanche. Sa vertu irremplaçable est de nous permettre de jouer sur tous les tableaux, à condition de l’accommoder comme il sied.
À peine accessoirisée, elle nous rend légères et quasi aériennes. Des chaussures discrètes, une veste qui ne demande qu’à tomber – succès assuré.
Avec un blouson de cuir ou des bottes de motard, c’est toute la légende du rock qui viole une neige fraîche. 

La petite robe blanche est la preuve tangible que le bonheur tient à des riens, que toute couleur est en trop, qu’une étoffe virginale est un tremplin suffisant pour nous propulser au top.

S.A

 

Mon perfecto

4 sept

La définition du Perfecto : le blouson parfait.

Féminin, rock, grunge, on se l’accommode à toutes les sauces, et même éventuellement à celle qui vous tombe du ciel sous forme de pluie. C’est le classique par excellence, au même titre que le 501.

Étant personnellement titulaire à la fois de quelques vieilles fripes en cuir (jupes, pantalons antédiluviens) et d’une mère aux doigts de fée, j’ai fait assembler et coudre ensemble les premières par la seconde, avec pour résultat le Perfecto de mes rêves.

Certaines filles portent un blouson qui ne ressemble à rien. Moi, avec le mien, je ne ressemble à personne.

S.A


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