Tag Archives: hipster

SWAG

4 juil

De Shakespeare à Kanye West, il n’y a qu’un pas, un pas de vocabulaire. Si le premier utilise le verbe swagger (fanfaronner, frimer) en 1515 dans le Songe d’une nuit d’été, le second se voit couronner « roi du swag » par des contingents de fillettes en compensées et sac à main Martin Margiela.  Réapparu en douce dans les années 30 pour qualifier ce rouleur de mécaniques de Sinatra, puis repris en force par la scène r’n’b américaine, ce terme, dont se pourlèchent quelques hipsters boutonneux et autres journalistes en mal d’anglicismes, signifierait qu’on a de l’allure. Pas élégant (ennuyeux) ni chic (snob et vieillot), mais « stylé ». Cool, quoi – et plus encore. Ce qui compte, c’est la façon dont on porte le vêtement. N’est pas Brando qui veut : lui seul peut s’exhiber en marcel sans friser le Dupont la Joie. Idem pour Nicolas Cage, qui endosse sa veste en croco «comme symbole de sa personnalité et de sa passion pour la  liberté» dans le cultissime Sailor et Lula. Le swag, on l’aura compris, est ce petit truc en plus qui résiste au temps. Cela dit, le vocable en question, qui actuellement se répand comme un virus sur la blogosphère, disparaîtra, soyons-en sûrs, dès que les gourous de la Culture street l’auront jugé indigne de franchir la grille des cours de récré. Au suivant !

Jeanne Ably

 

Chronologie du bobo

3 mar

Photo : Hélène Pambrun

 

Les bobos : combien d’échanges à leur sujet, combien d’articles de presse, de bouquins, de blogs en leur honneur, de sketchs, de quizz et combien de néologismes infamants : hipsters, boboland, broots, bobo lit, etc. Les pipelettes ne sont pas en reste de rubriques : les bobos et le bio, les bobos et Sopi, les bobos et le streetshopping, les bobos et le hamburger. Etc., etc.
     En ligne de mire : toi, moi, lui, elle, vous, nous tous.
     Démonstration : elle a  entre vingt et trente ans, porte un manteau de fourrure, adore les vieux bistrots et jouer à la pétanque sur les bords du canal : bobo ! Ils ont la trentaine, viennent d’acheter dans le dix-huitième, tiennent un blog et inscrivent leur marmaille dans des écoles privées : bobos ! Vous avez quarante balais, retapez une bicoque, mangez de saison et allez bosser à Vélib ? Bobo ! Eh oui, c’est ainsi : qu’on le soit né ou qu’on le soit devenu, qu’on refuse de l’être ou qu’on le revendique, on est tous des bobos de merde. Impossible d’y échapper.

Un peu de rétropédalage historique à propos de cette espèce proliférante.

2008 : victoire de Barack Obama. Jour de liesse pour le révolutionnaire dans l’âme, qui rêvait du sénateur Palmer de “24 heures Chrono” aux commandes de la planète, histoire d’effacer des siècles d’esclavage et de pouvoir adoooooorer sans scrupules NYC et South Beach.

2001 : élection de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris. L’assoiffé de culture et l’adepte du deux-roues ne pouvaient rêver pareille apothéose. Paris plage, Nuit blanche, Expos nocturnes, toutes les occasions sont “juste trop bonnes” pour s’en donner à coeur joie.

2000 : Le terme “bobo” apparaît pour la première fois sous la plume de David Brooks, journaliste, dans un essai intitulé “Bobo in Paradise”, pour désigner ces New-Yorkais à la pointe de la mode qui délaissent l’Uper East Side pour s’aménager des lofts dans des  entrepôts  désaffectés de Brooklyn. Phénomène qu’on appellera plus savamment «gentrification» et auquel est imputée l’augmentation du prix du mètre carré et du kilo de tomates dans les quartiers  populaires.
L’appellation s’étend au monde entier. À Paris, Londres, Barcelone, Moscou et même Marseille, Lyon ou Tours, oubliée la gauche caviar, le bobo devient la star des gazettes et des dîners, le gardien de la pensée unique, le leader des tendances.

1995 : Mise en place des Amap (associations pour le maintien de l’agriculture parisienne). Le bobo préfère trouver de la terre et des cailloux dans sa salade plutôt que des pesticides et du Paraben. Il vous sert des gratins de topinambours et des rutabagas poêlés, merveilles que le banlieusard avait reléguées dans la catégorie des “trucs qu’on mangeait pendant la guerre”.

1984 : Steve Jobs met au point le Mac, assurément plus looké et ergonomique que le PC de Gates (enfoiré de capitaliste). Suivent l’iPod, de l’iPhone et l’iPad (prononcer aïe!) pour lesquels le bobo vendrait père et mère et même sa bicyclette des années 30.

1981 : Création de Radio Nova. Musicalement libre, à fond pour le métissage des cultures et seule capable d’enchaîner un Bob Dylan, un vieux Miles Davis et un morceaux de funk inconnu au bataillon. C’est l’unique radio avec France Cul. à être digne du bobo. Lequel vient d’avoir une grande joie : l’élection de Mitterrand (François) à la Providence de la Ripoublique.

Jeanne Ably

 

Lana del Rey

6 fév

Lana del Rey : le nom est sur toutes les lèvres, le visage dans chaque rétine, la voix dans pas mal de Blackberrys. Qu’on aime la musique ou non, qu’on l’ait ou non youtubisée, on ne peut que connaître celle qui a détrôné la môme Béart au royaume de la bouche en ventouse.C’est le conte de fées moderne. D’un coup de clic magique, quiconque possède un tant soit peu de talent assorti d’un minois de poisson-lune peut jaillir du néant et mettre le feu à la toile.

Le buzz, qu’on appelle ça. Un buzz fait pour retomber aussi vite qu’il s’est levé. Le hipster qui s’empiffre de musique renie dès le lendemain ce qu’il portait aux nues la veille. Il vous balaye ça d’un revers sur Facebook et Twiter, sitôt que l’objet de ses délires a fait un peu trop parler de lui (comble du vulgaire).

Que penser de la nouvelle diva du Net ? Pur produit marketing, comme aiment à le dire les journalistes et autres carnassiers du Web ? Nouvelle icône en or massif ? Est-elle bien celle qu’on attendait et qui, après Garbo, B.B ,Vanessa Paradis, Madonna et Lady Gaga, nous permettra d’affronter le marasme ambiant ?

Dans l’album écouté à la va-vite, une chanson retient notre attention : « ‘Video games ». Plagiat d’un titre grec de 1991, murmurent les mauvaises langues. Il n’empêche. Le résultat est là. Sans Lana, nul n’aurait jamais ouï dire quoi que ce soit de ce morceau, et je ne serais pas en train de taper ces lignes.

 

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Jeanne Ably

 

 

Tumblr.

14 nov

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Has been le blog, s’agit désormais de posséder un tumblr ! La procédure est simple : illustrez, publiez et le tour est joué. Moins on en dit mieux c’est. C’est la fureur au pays du fast-food, et notamment chez les hipsters, lesquels postent à tire larigot des photos qui les inspirent, voire des considérations hautement philosophiques sur la société de consommation qui les entoure.

Alors qu’attendez-vous pour vous y mettre ?

J.A

Sport

17 mai

Voyez le tableau : Roland-Garros, haut lieu du bonheur en pantalon blanc et robe légère, rendez-vous incontournable des filles en fleur et de l’élite oisive, se transforme progressivement en parc d’attractions avec ce qu’il faut de touristes en strings de pied, de buvettes à Coca et de boutiques de souvenirs.
       Les tribunes des stades de foot deviennent inexorablement le théâtre de barbaries en tout genre à dominante de vigiles et de barrières de sécurité.
       Quant à nos sportifs, tout de fluo vêtus, quand ils ne sont pas pris en flagrant délit de dopage et de “zahiatitude”, il posent en moule-bite ou en peignoir dans les magazines où c’étaient jadis leurs congénères à forte poitrine qui demandaient qu’on les regarde droit dans les yeux.
       La boxe, ex-noble art remis au goût du jour par des succès du box office tels que “Fight club” ou “Million dollars baby”, n’est pas en reste : un article du NY Times, relayé par les Inrocks, nous apprend qu’il est de bon ton désormais d’assister, dans les sous-sols de Chinatown, à des combats de mannequins exhibant sur le ring leur mensurations de rêve. Ce, au milieu d’un public de hipsters et de modeux survoltés assurément de tous les coups – c’est le cas de le dire.  La preuve par l’image.

J.A

Hipster

3 jan

                   Adeptes de la cool attitude et du name dropping, les Hipsters, peuplade urbaine made in Brooklyn, n’ont jamais autant fait parler d’eux. 
               Hipster :  le terme n’est pas nouveau. Ses origines remontent bien en deçà de l’Ipod et de Twitter, aux années quarante pour être précis. Il désigne ces jeunes Blancs fans de jazz et de Charlie Parker auxquels succèderont les hippies par beat génération interposée. Puis, plus rien jusqu’en l’an 2000, date à laquelle ils renaissent de leurs cendres mais sous un autre look. Moustache fine, chemise à carreaux rouges, Wayfarer, jean slim, le hipster 2.0 a rangé la guitare de Hendrix pour le synthé d’Arcade Fire et délaissé les friperies des halles pour les concept stores du Faubourg Saint-Honoré.
               Plutôt graphiste que peintre et meilleur bloggeur que poète, plus volontiers dj que ténor, en tout cas artiste free lance, ce bipède des mégapoles adopte la tendance avec une promptitude de puma et squatte les salles de spectacles indépendantes avec autant de zèle et de panache qu’un disc jockey. Parlez-lui de cet artiste japonais complètement glucose dont vous raffolez, il vous tiendra la jambe deux heures sur le sujet. Évoquez le dernier Canet, il vous regardera comme si vous débarquiez de votre sous-préfecture.
Eh oui, le hipster snob et avant-gardiste, pote à ses heures de Wes Anderson et de Xavier Dolan, arrière-petit-cousin de Barack Obama et de John Cassavettes,  raffole de la culture underground et du cinéma d’auteur. Il pratique avec brio le « je préférais avant », car il a tout vu, tout fait, tout entendu, tout lu et bien sûr tout jugé avant vous.  Ce qui n’est pas sans rappeler notre actuel bobo, à ceci près que le hipster est plus djeun, et point encore préoccupé à soigner sa déco en ramassant les vieux fauteuils sur un coin de trottoir

             Bref, hipster, encore un de ces néologismes fourre-tout de journaleux, un de ces termes volatils qui s’envolent à la moindre tentative de définition. Mais une occasion de pipeleter, n’est-ce pas ?

Jeanne Ably

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