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Bezbar

19 déc

Nouveau temple de la branchitude parisienne, pour ne pas dire mondiale, Barbès – à prononcer à l’envers pour être adroit – vient à point nommé former la troisième pointe du triangle (d’or) Barbès/Sopi/Goutd’or.

Métro aérien, viaduc à poutres de tour Eiffel, boulevard croisant Rochechouart, Barbès ressemble à la ville des amoureux et des fly books vendus aux touristes à la librairie du Louvre.

Jadis territoire réservé des titis parisiens, squatté ensuite par les vendeurs de Malboro plus sino-marocaines qu’américaines, il est maintenant pris d’assaut par les branchés. Ce, à grand renfort de cinéma d’art et d’essai Louxor sous façade néo-égyptienne – relancé en avril 2013 après un détour de boîte de nuit antillaise  — et de librairie Gibert Joseph qu’on aurait pas crue capable d’un tel dévergondage. Pensez donc ! Traverser la Seine !

Effet boule de neige, l’annonce est tombée telle une feuille de magnolia grandiflora sur une ruine antique : la prometteuse brasserie Barbès va remplacer le Vano brûlé. Voilà le prochain lieu où il faudra être vue, après remise en état par les soins de Pierre Moussié et Jean Vedreine connus pour leur science en matière de troquets. Ils ont Le Mansart et le Sans Souci à leur actif. Grâce à eux, le croque-monsieur gagne et le pickpocket recule.

Fort de l’engouement général, Tati, roi de ce royaume, enseigne maîtresse depuis 1948 et dont le sac est mythique, lance un sweat-shirt sérigraphié « Barbès ». Affolement de la planète mode qui le qualifie de « sweat le plus trendy de la rentrée » par la plume d’une journaliste de l’Express Style. La gloire !

Le style Barbès avait déjà inspiré la mode, repris par des créateurs comme Xuly Bët, star des nineties, et plus récemment par Marc Jacobs pour Vuitton ou par Phoebe Philo pour Céline.
Les décrets pleuvent, le verdict tombe : c’est l’imprimé qu’il faut porter. Sinon, rester nue.

Guérisol. Le lieu de culte. Le sanctuaire. Acheter un carré de soie 500 balles chez Hermès ? Ringard. Pour être chic, chinons un flight jacket à 5 balles chez Gueri. L’élégance française sans maquillage ni bling-bling.

Véritable laboratoire de mixité sous ses airs de Cour des miracles où se marient quotidiennement la femme araignée et le bancroche, Barbès subit à son tour la gentrification voire la brooklynisation et nous rappelle que Paris a ses quartiers populaires, oui, mais pour millionnaires surtout.

Manque plus que l’arrivée d’un Drugstore avec sa bande de minets, qui viendrait clore le chapitre avec grâce.

Suzanne Ably

 

Merci à Zoé pour ses photos extraites du blog Les Babioles de Zoé

 

FAT

24 mar

Le bobo, suite.

Que fait-il le dimanche matin, quand reviennent les beaux jours ?  Il part en foire à tout (FAT). 
Foin de grasse mat’, au diable le croissant-Ricoré familial. Réveil à l’aube, comme à l’armée. C’est le seul moyen d’esquiver la foule et les poussettes, pollution notoire.
Chaussée de souliers tout-terrain, munie de sacs xxl, l’armée des bobos se met en branle. C’est à qui dégotera la lampe sixties assortie au canapé vintage trouvé la veille sur un bout de trottoir, et le flight jacket patiné comme il faut à deux francs six sous.
Tous les coups sont permis : doublement  à gauche, queue de poisson, accélérations éclairs. S’agirait tout de même pas de se faire piquer sous le nez ce 45 tours des Stones repéré à dix kilomètres sud-sud-est. Point non plus de scrupules à arnaquer la petite vieille qui se débarrasserait sans le savoir d’un Rembrandt. La meilleure défense c’est l’attaque. Un seul mot d’ordre : marchander pour obtenir. Plus on entassera, mieux ce sera. Quitte à revendre (à perte) à la prochaine brocante ce qu’on rachètera (plus cher) ensuite. La FAT est une discipline échangiste et circulatoire.

Jeanne Ably

flight jacket (dernier épisode)

29 oct

Oui, encore oui et trois fois oui : la flight jacket, fixée tel un trophée sur les épaules massives de nos compagnons, représente la quintessence du chic brutal et le summum de la virilité pileuse. Et pas moyen de l’emprunter pour prendre à notre tour des airs d’Actor’s studio et de fureur de vivre : laissons à César ce qui lui va si bien et nous ensevelirait à jamais. 
        Consolons-nous pourtant : la flight jacket a sa réplique féminine. Plus rare, donc forcément plus précieuse, elle arrache plus qu’elle n’habille, et ce, quelle que soit la circonstance. Je tiens la mienne de ma mère, femme admirable qui était, ça finira par se savoir à force de blog, l’une des stars de sa génération. Cette seconde peau héritée d’elle, je l’endosse comme une responsabilité. Lourde, très lourde, malgré son poids de cuir plutôt modeste. La voici sur Clémence.

J.A

Flight jacket (suite)

26 oct



Attention tout de même, il ne s’agirait pas que la Flight Jacket en question n’en soit pas une authentique : l’imitation est une limitation.
Les deux jeunes dieux que notre objectif a saisis remportent heureusement l’examen haut la main.
Le vrai blouson de pilote n’a pas de soufflets dans le dos, et son cuir est d’une souplesse à damner une médaille d’or de gymnastique.
Mais le plus beau de tous les blousons d’aviateur, c’est celui dans lequel mon père faisait le malin en 1965 sur une plage normande. Il l’avait hérité de son propre père, qui lui-même l’avait reçu en cadeau du major James S. Percy, son commandant d’escadrille (la 72e de Liaison, 7e armée, U.S.A.) à la fin de la Seconde Guerre mondiale… Devant cette relique aujourd’hui hélas volatilisée (le blouson, pas mon père), je m’agenouille pieusement.

S.A

 

Flight jacket

24 oct


Hélas, hélas, nous ne trouverons plus Brando ailleurs que “sur les quais” et dans une boîte, non pas de nuit, mais de bouquiniste. Mickey Rourke est ravagé par l’alcool, par la boxe, le Botox et le brouillard mental. Filip Nikolic ne fera plus jamais de salto. Brad Pitt s’exhibe du matin au soir avec une balayette à vaisselle collée au menton. George Clooney s’empâte…
Les hommes d’aujourd’hui mettent des jeans slim et de la crème de jour. Ils se font mutuellement la bise. Paraît même que certains auraient des talonnettes à leurs chaussures.
Mais consolons-nous. Il n’est pas totalement exclu que nous croisions encore, au détour d’une rue, un vrai mec en Flight Jacket. En voici la preuve bien consolante.

S.A


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