Les Mamounettes de l’Internet
3 fév
À l’heure où le hashtag instakids imbibe la toile aussi profondément qu’un crachin l’herbe normande, il est temps de traiter d’un sujet grave.
3 fév
À l’heure où le hashtag instakids imbibe la toile aussi profondément qu’un crachin l’herbe normande, il est temps de traiter d’un sujet grave.
17 oct
Devinette:
Il a transformé un geeck boutonneux de White Plains au sex appeal de limace (option latin-grec, tout de même) en milliardaire.
Il est entré en bourse, brasse des millions, émeut le CAC 40.
Il inspire le cinéma.
Ses deux syllabes américanoïdes sont sur toutes les lèvres.
Il relie le quidam du Vaucluse au berger des Pouilles en un clic,
l’habitant du Larzac au plouc du Montana en un poke,
le poète de l’Alaska au griot d’Afrique en un like!
BONNE RÉPONSE !
Facebook tag, fédère, associe, retrace.
Nous offre le don d’ubiquité dont nous rêvions.
Plus question d’être citoyens de la France ou du monde, nous sommes des moucherons pris au piège de la vaste Toile sous la domination de l’araignée suprême.
Attention, rien n’est gratuit.
Il y a quelque chose que Facebook nous prend en échange de notre omniprésence planétaire : il est « facephage ».
Nous lui avons cédé notre face pour devenir profil. Bas.
Nos milliers d’amis, nos enfants, nos neveux, nos tantes et nous-mêmes… par générosité ou par zèle, nous balançons tout : nom de l’âme sœur, échographie du bébé à naître (profil prénatal), photos de famille, de vacances, d’accouchement, infos sur notre santé, plats que nous mangeons, choses que nous pensons, endroits où nous nous grattons…
Jusqu’où continuerons-nous de perdre la face?
Suzanne Ably
11 oct
Tout ce qu’il voit l’inspire, tout ce qu’il lit le convainc, tout ce qu’il entend l’influence. Agent immobilier le jour, Dj le soir, aussi bien acteur que chanteur, prof de yoga ou photographe, mannequin et bloggeur, le slasheur ou #slashGen – de la touche « slash » qui permet le et/ou – est partout.
Mieux que Batman et Hercule (Poirot) réunis, cette génération, née avec une télécommande à la main et un doudou dans l’autre, cumule les jobs et fait des séjours à Bali comme d’autres vont à Levallois. Ses représentants s’illustrent dans les soirées mondaines tout autant que sur leur « wall», ils sont toujours sur la photo.
Purs produits d’une société de consommation qui érige en icônes les déesses Facebook et Instagram, et fait de l’instantanéité une urgence, ces trentenaires multitâches, bien mieux dans leurs vies Pro/Perso/RS/Créatif/ que dans leurs CDI, veulent certes gagner de l’argent, mais à condition de ne pas se laisser moisir en openspace à subir les gloussement de leurs collègues à eau de Cologne.
Plus rêveurs que maudits, ces esthètes modernes ne connaissent ni l’ennui ni le spleen, déployant leur énergie à conquérir leur épanouissement personnel avec en somme un objectif : se hisser au sommet sans trop se donner la peine de l’escalade. Ok pour l’ascenseur social mais s’il tombe en panne, pas question de prendre l’escalier et encore moins l’échelle de secours : trop fatigant, et plutôt craignos.
Jeanne Ably
Bijoux : Lili Storm
6 fév
Lana del Rey : le nom est sur toutes les lèvres, le visage dans chaque rétine, la voix dans pas mal de Blackberrys. Qu’on aime la musique ou non, qu’on l’ait ou non youtubisée, on ne peut que connaître celle qui a détrôné la môme Béart au royaume de la bouche en ventouse.C’est le conte de fées moderne. D’un coup de clic magique, quiconque possède un tant soit peu de talent assorti d’un minois de poisson-lune peut jaillir du néant et mettre le feu à la toile.
Le buzz, qu’on appelle ça. Un buzz fait pour retomber aussi vite qu’il s’est levé. Le hipster qui s’empiffre de musique renie dès le lendemain ce qu’il portait aux nues la veille. Il vous balaye ça d’un revers sur Facebook et Twiter, sitôt que l’objet de ses délires a fait un peu trop parler de lui (comble du vulgaire).
Que penser de la nouvelle diva du Net ? Pur produit marketing, comme aiment à le dire les journalistes et autres carnassiers du Web ? Nouvelle icône en or massif ? Est-elle bien celle qu’on attendait et qui, après Garbo, B.B ,Vanessa Paradis, Madonna et Lady Gaga, nous permettra d’affronter le marasme ambiant ?
Dans l’album écouté à la va-vite, une chanson retient notre attention : « ‘Video games ». Plagiat d’un titre grec de 1991, murmurent les mauvaises langues. Il n’empêche. Le résultat est là. Sans Lana, nul n’aurait jamais ouï dire quoi que ce soit de ce morceau, et je ne serais pas en train de taper ces lignes.
Jeanne Ably
23 juin
Il porte des baskets Nike tricolores, couvre le buffet dans ses soirées de bonbons Haribo et parle verlan. L’adulescent – contraction d‘“adulte” et d‘“adolescent” – est comme ces grands-mères qui ont remisé leur tricot pour courir le monde en quête de tourisme équitable. Il refuse de vieillir. Fan des séries tv qu’il matte en boucle sur son écran plasma, il voue un culte aux héros de son enfance, Spiderman ou Bécassine, et joue à la Play-station prostré sur son canap. Il adore se déguiser et pique leurs places de concert à ses ados d’enfants qui sont, par ailleurs, devenus ses “friends” sur Facebook. C’est la confusion des âges aggravée de la confusion des sexes. Tandis que le mari moderne pousse des poussettes et claque des bises entre copains, sa femme boit de la Leffe au goulot et se met à la boxe moyennant un soutif à coques d’acier.
Et voilà que les petites filles portent des talons hauts, et s’envoient sms sur sms sur des cellulaires dernier cri.
Jeanne Ably
26 jan
Apple est un génie.
Il a changé les mentalités, bouleversé les mœurs.
Depuis longtemps déjà nos téléphones remplaçaient nos montres à nos poignets, nos agendas dans nos sacs, nos réveils à nos chevets. À présent Macintosh engendre le téléphone polymorphe qui nous donne l’impression de détenir la télécommande du monde. Avec ses I-phone 1, puis 2, puis 3, puis 4, le soleil se lève sur une humanité qui va muter.
Ainsi nous est rendu ce que la religion offrait jadis : la foi et l’amour. Dans un monde où la désillusion prenait le pouvoir, nous retrouvons nos bases. Reléguant les anciens messies, nous pouvons à nouveau nous prosterner. Bienvenue chez les divinités Appli ! Hipstamatic, Cydia, Facebook, ça sonne largement aussi bien que Jésus et Moïse. Seul détail inquiétant : de plus en plus, nous sont infligées les effusions du téléphoneur envers son téléphone. Dans le métro, au restaurant, à la table familiale, c’est une débauche de petites caresses du bout des doigts, un pelotage doux et régulier. Si l’appareil casse ou disparaît, l’amoureux pique sa crise.
L’i-phone sème le trouble dans le couple, vole l’homme à la femme et vice et versa. Menace pour la perpétuation de l’espèce ?
Suzanne Ably
26 déc
Ciel, il neige !
À la radio, on entend que les malheureux qui veulent aller en train ou en avion retrouver la neige dans les stations de ski en sont empêchés par la neige.
La neige leur semble infiniment moins plaisante ici que là-bas.
Autre question. Risquons-nous de recevoir une boule de neige, comme au temps de notre enfance ? Bien-sûr que non. Le lanceur a changé de cible et de munitions. Il bombarde maintenant de photos ses réseaux sociaux. Accompagnée de commentaires sur le réchauffement climatique, il publie sa photo de neige à lui : ciel d’où elle tombe, trottoir et toit où elle stationne, air où elle virevolte. MA neige par la fenêtre, MA neige au petit matin, MA voiture recouverte de neige, MA neige et MON enfant, MA neige et MON chien, etc.
Moyennant subventions, pourquoi pas une expo ?
On l’aura compris : il neige, a neigé ou neigera.
Joyeuses fêtes!
S.A
14 nov
C’est dimanche, que fait notre ami le bobo parisien ? Il s’habille, comme les autres jours de la semaine. Pas de survêt qui tienne, ni de vieilles tennis (sauf s’il passe le week-end à la campagne : auquel cas, il se fera un plaisir d’extraire aussi des profondeurs du grenier la parka et les bottes Aigle qui agacent l’autochtone).
Le dimanche, le bobo habillé, comme il faut, court les trésors de sa Ville lumière. Point de trêve dominicale pour cet être avide d’entertainment. L’homos festivus, ayant depuis longtemps déserté les bancs de l’église au profit des cabines d’essayage, rejoint la file d’attente de l’expo qu’il faut voir sous peine de mort sociale.
Il est citoyen cette France qui se lève tôt – le week-end, s’entend. La grasse mat’, il se la réserve pour les vacances, sauf quelques dimanches matin quand il est sorti la veille. Ce qui est rare. Guincher le samedi soir est un plaisir de ploucs.
Journée chargée pour le bobo : d’abord brunch entre potes sur le coup de 14 h, ou burger party chez soi ou dans l’un des innombrables restos du canal Saint-Martin et du Marais. Éventuellement, un peu de sport, avant de se goinfrer (pain et fromage, terrible association au dire des adeptes du dukan). Mais abdos et fessiers se cultivent encore mieux en semaine, après la journée de boulot, avec un coach à domicile.
Et c’est parti ! La journée s’annonce longue. Elle le sera. Le bobo consciencieux rassemblera ses dernières forces pour la sortie du dimanche soir dans un des clubs à la mode ou dans l’un de ces p’tits resto de quartier où l’on claque la bise au patron.
Autre possibilité : un cinoche au Mk2 quai de Seine, dont on possède la carte illimité pour des film japonais sous-titrés coréen.
Non, le bobo ne zone jamais dans son canapé devant un blokbuster américain en VF en se gavant de chocolat, ou pire, derrière son mac à tchater sur Facebook . Pour rien au monde ce malheureux ne fera ça. Dure, dure, la vie d’un bobo.
Jeanne Ably
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