Tag Archives: Beigbeder

DTR

15 déc

Les Américains sont une espèce efficace : plutôt que de perdre leur temps à attendre des SMS qui n’arrivent pas – car c’est ça l’amour au XXIe siècle, n’est-ce pas Beigbeder ? – ils fixent le cadre de la « relation » lors d’une discussion préalable.
Cérémonial qui porte le nom de DTR, pour « Define the Relationship »
Une mise au point, en quelque sorte (MAP).
Façon, en tout cas, de mettre les choses au clair une fois pour toutes. Le Yankee, homme d’action, pragmatique, positif, sportif et aussi fantaisiste qu’une feuille d’impôt, n’a pas de temps à perdre avec ses états d’âme. Dieu lui prouve son existence par la bonne marche des affaires et par la bonne santé de la Bourse, non par les transes de l’amour. Alors, pour lui, le processus est simple : un premier verre en copains, puis un restau en tête à tête deux jours plus tard, enfin une troisième « date » qui sonne l’heure du passage à l’acte.
Au quatrième rendez-vous, on se met d’accord. Soit on se quitte avec une petite larme (et au suivant!). Soit on fixe la date d’un mariage dans le Vermont. Schéma purement mathématique, voire darwiniste. Pas comme chez nous, où pauvres hères nourris au biberon du romantisme catholique, nous naviguons contre vents et marées ( mariées ?) dans les eaux périlleuses de l’amour et du hasard.

À ce sujet, voir la nouvelle série Awkward.

Jeanne Ably

Name-dropping

8 déc

Un moment déjà qu’on entend parler du “name dropping” sans trop savoir ce que c’est. Ce sport consiste à placer des noms célèbres dans la conversation en prenant soin – c’est tout l’art – que l’interlocuteur les connaisse. Ne vous fatiguez pas à parler du contrôleur SNCF à votre soirée au Flore avec Jeff Koons. Racontez-lui plutôt vos vacances à Palavas-les-Flots avec Bernard Thibault. But du jeu : épater la galerie, prouver qu’on est quelqu’un de réinvitable.

Eh oui ! Ne pas compter parmi ses proches au moins un people, ça  le fait moyen! Mais attention, suffit pas d’ effleurer la clavicule d’Emma de Caunes dans les toilettes du Baron. Il faut pouvoir aussi lui claquer la bise et la tutoyer. 

Les écrivains donnent l’exemple : Charles Dantzig, Michel Houellebecq, Frédéric Beigbeder parsèment leurs écrits de noms connus. Idem pour les chanteurs (Vincent Delerm, avec «Fanny Ardant et moi») et pour les cinéastes, qui s’offrent au générique des personnalités réelles  (Lionel Jospin jouant son propre rôle dans «Le nom des gens»).
Le name dropping est ultra-tendance. Il faut s’ y mettre. Jouons le jeu. Comme me le disait hier au téléphone ce cher Barack : “Soyons créatifs, que diable !”

Jeanne Ably



Parvenu

30 juil

Si on espérait jadis épouser un vicomte et faire son entrée à la cour en robe à panier, aujourd’hui on joue des coudes en direction des carrés VIP débarrassé de sa particule. Si les Rastignac et Georges Duroy “de Cantel” (dit Bel Ami) n’ont jamais cessé de courir les rues, la donne a quelque peu changé. L’ambition post-moderne est d’être “connected”, pour ne pas dire branché, et d’obtenir coûte que coûte ses passe-droits dans les soirées de la capitale sans faire la queue – ô rage, ô désespoir. 
       Véritable sacerdoce. Nulle trêve pour le parvenu des temps modernes. La “night” cinq soirs sur sept afin de récolter des cartes de visites et de claquer la bise à Begbeider dans les toilettes du Montana. La feuille de route est simple : faire du RP à grand renfort de name dropping et avoir l’air de connaître tout le monde. Mais sans en faire des tonnes. Garder toujours un air un peu lointain. Ne jamais se départir de son humour (ravageur) et de sa causticité (légendaire). Avec un peu de chance, obtenir – tous les moyens sont permis – les faveurs d’un rockeur ou d’une comédienne dans le vent. Ascension plus que parfaite.

Jeanne Ably

 


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