Archive | novembre, 2015

Paris Incendié

23 nov

IMG_7637

… J’accuse la Misère, et je traîne à la barre
Cet aveugle, ce sourd, ce bandit, ce barbare,
Le Passé ; je dénonce, ô royauté, chaos,
Tes vieilles lois d’où sont sortis les vieux fléaux !
Elles pèsent sur nous, dans le siècle où nous sommes,
Du poids de l’ignorance effrayante des hommes ;
Elles nous changent tous en frères ennemis ;
Elles seules ont fait le mal ; elles ont mis
La torche inepte aux mains des souffrants implacables.
Elles forgent les noeuds d’airain, les affreux câbles,
Les dogmes, les erreurs, dont on veut tout lier,
Rapetissent l’école et ferment l’atelier ;
Leur palais a ce gui misérable, l’échoppe ;
Elles font le jour louche et le regard myope ;
Courbent les volontés sous le joug étouffant ;
Vendent à la chaumière un peu d’air, à l’enfant
L’alphabet du mensonge, à tous la clarté fausse ;
Creusent mal le sillon et creusent bien la fosse ;
Ne savent ce que c’est qu’enseigner, qu’apaiser ;
Ont de l’or pour payer à Judas son baiser,
N’en ont point pour payer à Colomb son voyage ;
N’ont point, depuis les temps de Cyrus, d’Astyage,
De Cécrops, de Moïse et de Deucalion,
Fait un pas hors du lâche et sanglant talion ;
Livrent le faible aux forts, refusent l’âme aux femmes,
Sont imbéciles, sont féroces, sont infâmes !
Je dénonce les faux pontifes, les faux dieux,
Ceux qui n’ont pas d’amours et ceux qui n’ont pas d’yeux !

Victor Hugo, L’Année terrible, « Paris Incendié », Extraits, 28 juin 1871

Paris, c’est pas fini

18 nov

11050238_882346428469914_769595800625675929_n

Une semaine d’écoulée depuis les événements qui ont ensanglanté Paris et meurtri les esprits à travers le monde. Sept jours, sept longs jours à pleurer nos morts, à attendre de leurs nouvelles, à guetter le moindre fait d’actualité. Sept jours à mesurer la chance qu’on a d’être resté à la maison, ce soir là. Ce maudit et versatile hasard, qui a tourné au cauchemar pour les autres. 
Ces amis, amis d’amis, amis d’amis d’amis, tous dans la fleur de leur âge, qui se trouvaient au pire endroit au sale moment. Une place de concert offerte par un pote, un verre improvisé, une soirée d’anniversaire entre copines, et au revoir. 
Au revoir les enfants. 
Alors oui, ce n’était ni toi, ni moi, même si eux, c’est nous. Une jeunesse qui aime boire, fumer des clopes, danser, mettre des jupes courtes, draguer sans tabous. Paris touché en plein cœur. Il n’empêche. Il continuera à vivre, au rythme des soirées en terrasse et des concerts de rock, et à aimer librement, que ça leur plaise ou non. 
Le bonheur en a vu d’autres.

 


Social Widgets powered by AB-WebLog.com.