Amour 2.0
21 fév
Révolue l’époque où les mecs poireautaient à la sortie des lycées à grand renfort de Marlboro lights en attendant les filles qui se laissaient draguer. L’amour 2013 se trouve sur ordinateur par la magie d’adopteunmec.com, élu site de l’année par les magazines branchés et leurs bobos de lectrices.
C’est la grande nouveauté : Juliette ne se gêne plus pour crier sur les toits qu’elle cherche et trouve ses Roméos sur la toile. Le principe est connu : madame se balade dans les rayons, monsieur attend. Elle le jette dans son caddie, il affiche l’air content. Pas de RSL ni de marivaudage. Au supermarché des rencontres, la cadresup’ aussi à l’aise dans ses Louboutin que dans ses baskets à talon choisit selon l’envie du jour, sans risque de passer pour la nympho de service ou la mal-baisée chronique. Un baroudeur à barbe de trois jours buvant sec et tirant sur des cigarillos, les jours de fêtes ; un agrégé de lettres aux ongles polis, les jours de semaine; un fou d’ Arte + 7, le dimanche soir. L’arrière boutique aux stocks sans cesse réapprovisionnés regorge d’articles mâles tous plus tentants les uns que les autres et propose même, à l’intention des gloutonnes, des spécialités régionales : le Corse ténébreux, le Marseillais supporteur de l’OM, le Sarthois caritatif, l’apatride méditatif. Qu’on se rassure : les produits dont la composition ou la provenance ne sont pas tout à fait sûres sont dégagés au même titre que, chez Fauchon, la lasagne au cheval roumain. Et pas de temps à perdre : l’amour 2.0 est un produit qui se consomme vite fait bien fait, économie faite de l’amour et du hasard. Deux ingrédients définitivement has been.
Jeanne Ably