Archive | février, 2013

Amour 2.0

21 fév

                   Révolue l’époque où les mecs poireautaient à la sortie des lycées à grand renfort de Marlboro lights en attendant les filles qui se laissaient draguer. L’amour 2013 se trouve sur ordinateur par la magie d’adopteunmec.com, élu site de l’année par les magazines branchés et leurs bobos de lectrices.
                   C’est la grande nouveauté : Juliette ne se gêne plus pour crier sur les toits qu’elle cherche et trouve ses Roméos sur la toile. Le principe est connu : madame se balade dans les rayons, monsieur attend. Elle le jette dans son caddie, il affiche l’air content.  Pas de RSL ni de marivaudage. Au supermarché des rencontres, la cadresup’ aussi à l’aise dans ses Louboutin que dans ses baskets à talon choisit selon l’envie du jour, sans risque de passer pour la nympho de service ou la mal-baisée chronique. Un baroudeur à barbe de trois jours buvant sec et tirant sur des cigarillos, les jours de fêtes ; un agrégé de lettres aux ongles polis, les jours de semaine; un fou d’ Arte + 7, le dimanche soir. L’arrière boutique aux stocks sans cesse réapprovisionnés regorge d’articles mâles tous plus tentants les uns que les autres et propose même, à l’intention des gloutonnes, des spécialités régionales : le Corse ténébreux, le Marseillais supporteur de l’OM, le Sarthois caritatif, l’apatride méditatif. Qu’on se rassure : les produits dont la composition ou la provenance ne sont pas tout à fait sûres sont dégagés au même titre que, chez Fauchon, la lasagne au cheval roumain.  Et pas de temps à perdre : l’amour 2.0  est un produit qui se consomme vite fait bien fait, économie faite de l’amour et du hasard. Deux ingrédients définitivement has been.

Jeanne Ably

Banlocalisation

4 fév

Has been la Goutt’d’Or et SoPi, le bobo sans foi ni loi franchit le périph’ en quête de frissons. Délaissant son fief le temps d’un brunch dominical, il s’aventure aux puces de  Saint-Ouen pour  une résa, bistronomie oblige, chez Ma Cocotte, qui fait la une du Fooding depuis que son père fondateur, Philippe Starck, a délaissé  le nord de Paris et ses «  kibbout urbains » pour investir ce qui n’était naguère qu’un terrain vague.
        Déjeuner, puis expo à Pantin. Terminé le 104 :  trop accessible. L’événement qui permet désormais de célébrer la dernière réussite de l’art « comptant pour rien » est la biennale Déco et création d’art, à Pantin, sans parler des nouvelles galeries hypes, parmi lesquelles l’espace Larry Gagosian, abrité dans un ancien hangar de l’aéroport du Bourget .
        Mais attention, si le nord de la capitale est particulièrement prisé, les temps changent et notre bobo, aussi volage que téméraire, pousse le vice jusqu’à risquer sa réputation dans l’ouest de Paris. Shopping à Levallois-Perret, dans le très chic centre commercial So Ouest, ou balade dans le quartier trapèze à Boulogne-Billancourt, nouveau Willamsbourg où champignonnent les concepts store et les épiceries fines.
        Ce  n’est pas fini : le bobo remonte à ses sources et s’enfonce, ni vu ni connu, dans le 78, pour faire le marché et redécouvrir le château de Versailles, restauré dans son cœur par Jeff Koons et Murakami. Il pique-nique, l’été venu, au parc de Saint-Cloud avec tables de mixage et ce qu’il faut de Kronenbourg, puis se rue aux Jardins de Bagatelle à l’occasion du très beau-beau festival We love green. Et puisqu’il est insatiable, il file découvrir en exclusivité le centre Beaubourg de Metz tout en se  répandant en hyperboles au sujet de Marseille, promue capitale européenne de la culture, comme le sait quiconque n’y essuie pas des tirs de Kalachnikof.

Jeanne Aby


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