Génération de Profils

17 oct

Devinette:
Il a transformé un geeck boutonneux de White Plains au sex appeal de limace (option latin-grec, tout de même) en milliardaire.
Il est entré en bourse, brasse des millions, émeut le CAC 40.
Il inspire le cinéma.
Ses deux syllabes américanoïdes sont sur toutes les lèvres.
Il relie le quidam du Vaucluse au berger des Pouilles en un clic,
l’habitant du Larzac au plouc du Montana en un poke,
le poète de l’Alaska au griot d’Afrique en un like!

BONNE RÉPONSE  !
Facebook tag, fédère, associe, retrace.
Nous offre le don d’ubiquité dont nous rêvions.
Plus question d’être citoyens de la France ou du monde, nous sommes  des moucherons pris au piège de la vaste Toile sous la domination de l’araignée suprême.

Attention, rien n’est gratuit.
Il y a quelque chose que Facebook nous prend en échange de notre omniprésence planétaire : il est « facephage ».
Nous lui avons cédé notre face pour devenir profil. Bas.
Nos milliers d’amis, nos enfants, nos neveux, nos tantes et nous-mêmes…  par générosité ou par zèle, nous balançons tout : nom de l’âme sœur, échographie du bébé à naître (profil prénatal), photos de famille, de vacances, d’accouchement, infos sur notre santé, plats que nous mangeons, choses que nous pensons, endroits où nous nous grattons…
Jusqu’où continuerons-nous de perdre la face?

Suzanne Ably

Comments are closed.

Social Widgets powered by AB-WebLog.com.