Archive | octobre, 2012

Génération de Profils

17 oct

Devinette:
Il a transformé un geeck boutonneux de White Plains au sex appeal de limace (option latin-grec, tout de même) en milliardaire.
Il est entré en bourse, brasse des millions, émeut le CAC 40.
Il inspire le cinéma.
Ses deux syllabes américanoïdes sont sur toutes les lèvres.
Il relie le quidam du Vaucluse au berger des Pouilles en un clic,
l’habitant du Larzac au plouc du Montana en un poke,
le poète de l’Alaska au griot d’Afrique en un like!

BONNE RÉPONSE  !
Facebook tag, fédère, associe, retrace.
Nous offre le don d’ubiquité dont nous rêvions.
Plus question d’être citoyens de la France ou du monde, nous sommes  des moucherons pris au piège de la vaste Toile sous la domination de l’araignée suprême.

Attention, rien n’est gratuit.
Il y a quelque chose que Facebook nous prend en échange de notre omniprésence planétaire : il est « facephage ».
Nous lui avons cédé notre face pour devenir profil. Bas.
Nos milliers d’amis, nos enfants, nos neveux, nos tantes et nous-mêmes…  par générosité ou par zèle, nous balançons tout : nom de l’âme sœur, échographie du bébé à naître (profil prénatal), photos de famille, de vacances, d’accouchement, infos sur notre santé, plats que nous mangeons, choses que nous pensons, endroits où nous nous grattons…
Jusqu’où continuerons-nous de perdre la face?

Suzanne Ably

Slasher

11 oct

        Tout ce qu’il voit l’inspire, tout ce qu’il lit le convainc, tout ce qu’il entend l’influence. Agent immobilier le jour, Dj le soir, aussi bien acteur que chanteur, prof de yoga ou photographe, mannequin et bloggeur, le slasheur ou #slashGen – de la touche « slash » qui permet le et/ou – est partout.
        Mieux que Batman et Hercule (Poirot) réunis, cette génération, née avec une télécommande à la main et un doudou dans l’autre, cumule les jobs et fait des séjours à Bali comme d’autres vont à Levallois. Ses représentants s’illustrent dans les soirées mondaines tout autant que sur leur « wall», ils sont toujours sur la photo.
        Purs produits d’une société de consommation qui érige en icônes les déesses Facebook et Instagram, et fait de l’instantanéité une urgence, ces trentenaires multitâches, bien mieux dans leurs vies Pro/Perso/RS/Créatif/ que dans leurs CDI, veulent certes gagner de l’argent, mais à condition de ne pas se laisser moisir en openspace à subir les gloussement de leurs collègues à eau de Cologne.
        Plus rêveurs que maudits, ces esthètes modernes ne connaissent ni l’ennui ni le spleen, déployant leur énergie à conquérir leur épanouissement personnel avec en somme un objectif : se hisser au sommet sans trop se donner la peine de l’escalade. Ok pour l’ascenseur social mais s’il tombe en panne, pas question de prendre l’escalier et encore moins l’échelle de secours : trop fatigant, et plutôt craignos.

Jeanne Ably

 Bijoux : Lili Storm

 


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