Bistronomie
11 juil
Adieu les boîtes de nuit où l’on transpire et risque un tir de fusil de guerre, le nec plus ultra est de sortir dans les restos branchés de l’Ouest parisien. Le bobo, qui tient à sa peau, raffole des choses simples et s’y connaît en bonne bouffe, délaisse les carrés Vip du Baron et du Montana pour une résa à la Régalade ou au Saturne, temples de la bistronomie. Ce concept fait rage depuis peu. Sa toute première évocation est due au jury du sacro-saint Fooding, qui salua en 2004 l’alliance de l’esprit canaille du bistro avec la subtilité d’une gastronomie pointue. À présent s’en réclament tous les Aveyronnais de l’Aveyron et même du Cotentin qui sont montés faire fortune à la capitale. Du coup, les chefs étoilés rangent au placard nappes blanches et cuisine moléculaire et sortent les tables en Formica pour y servir les archi-traditionnels bœuf-carottes et poule au pot. Tatoué et barbe de six jours, ce cuisinier 2012, véritable pointure des temps modernes, rejoint son pote DJ dans les magazines branchés, prend la pose et claque des bises à son client. Lequel se soucie moins de manger pour son argent que de se sentir « à la cool » entre gens du même moule, et de le prouver à tous ses « friends » et « friends de friends ». Ce que facilite le smartphone. Photomanie oblige.
Jeanne Ably