Archive | octobre, 2010

RSL

28 oct

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Photo: Hélène Pambrun

 

[èressèl]  n.m. – 2004. Acronyme formé des initiales des mots composant la locution “rapport de séduction latent”. Se dit du lien qu’on constate entre deux personnes dont l’attirance mutuelle et réciproque est évidente pour l’entourage, quoique la concrétisation n’en soit pas la finalité la plus urgente.

syn. : béguin, flirt (vieillis).

S.A

 

Blonde vs brune

25 oct

C’est le sempiternel débat : blonde ou brune ? La Cinémathèque de Paris lui consacre  une expo, prétexte pour nous à pipeletter.  Aujourd’hui qui l’emporte, de la crémeuse Scarlett Johansson ou de la piquante Pénélope Cruz ? D’un côté  le charme pulpeux et la promesse de débauche ; de l’autre le mystère incarné de la sensualité volcanique. Même combat jadis pour Cindy Crawford et Claudia Shiffer, Kim Novak et Liz Taylor,  Simone Signoret et Michèle Mercier… À chaque époque le duel blondes-brunes. Et toujours le même dilemme.
Les filles – curieuses par nature – n’hésitent pas à franchir la frontière. Pour voir ce que ça fait : d’être blonde, quoi. Marion Cotillard l’affirmait dans une interview : « Ça change la vie. »  Faites le test. Vous changerez surtout de trottoir, fatiguées de vous faire siffler.  Pas de doute, les hommes préfèrent les blondes. La Suédoise fiche la pagaille dans leur couple, la lolita leur fait tourner la tête, la majorette et  la pin-up de calendrier les électrisent. Même Barbie les damne.
Toutes blondes !
Marilyn, B. B., Catherine Deneuve auraient-elle fait leur carrière sans passer par la case eau oxygénée ? Au cinéma de papa, il est évident que le blond prédomine ( c’est ce qu’il ressort de cette expo).  Mais que les brunes se rassurent : le XXIe siècle lui tourne le dos. Il devient has been, voire vulgaire. Prenez Paris Hilton et Pamela Anderson : rien à voir avec des merveilles telles que Winona Ryder, Keira Kneigthley, Ségolène Royal ou Martine Aubry. L’heure de la revanche a sonné.

Jeanne Ably

Mode et religion

19 oct

Évidente lors de la dernière fashion week et relayée sans ambages par les magazines de mode : la tendance monacale.  Avec mention particulière pour les sandales de carmélite qui préparent – dixit Elle magazine – leur grand come back aux pieds des fashionistas de l’été prochain…  

Normal, en temps de crise, qu’une vague d’austérité déferle sur les podiums. Retour du religieux. Notre XXIe siècle individualiste et désillusionné a besoin d’aller dormir à quelques films genre ”Des Hommes et des Dieux” pour décoller un tant soit peu de sa routine de consommation.
La Pipelette constate en tout cas qu’un lien existe et a toujours existé entre mode et religion. La croix catholique est l’accessoire croquignolet des panoplies gothique et punk, sans parler des chapelets qu’on voit désormais pendre au cou de pas mal de bécasses.
Idem pour le  crucifix, élément de décor à part entière pour le photographe de mode. Les créateurs ne se gênent pas pour abuser de la thématique céleste. Au banc des accusés, Marithé et  François Girbaud : cinq ans après avoir détourné la « Cène » de Vinci pour les besoins d’une pub,  les voici qui récidivent avec leur collection « Nonne libérée ». Grâce à eux la Vierge Marie va pouvoir glorifier le chiffon. Dernière venue sur les podiums : la mort, plus précisément la tenue de deuil, qui ajoute sa note funèbre aux plus récents défilés.
Bref, on rigole.
Où est l’époque où les garçons draguaient à la sortie des lycées ? Aujourd’hui la messe, où se croisaient les regards, est remplacée par la manif, ou s’échangent des coups. Joyeuse évolution que la mode ne fait que suivre. On demande des inventeurs. On attend des pionniers.

Jeanne Ably

 

La revanche du burger

13 oct

Qui l’eût cru ? Le burger devient branché.  Synonyme de malbouffe pour le “bio-tiful” people et emblème d’une culture américaine en berne, ce sandwich a trouvé une nouvelle jeunesse aux côtés des pommes frites maison et de la salade verte signée Naturalia.
Mais attention, s’agit pas de se le procurer au MacDo du coin, ça non !  L’homo parisianus, bien dans ses baskets tricolores made in NYC, se le prépare lui-même, n’hésitant pas à l’étoffer d’avocat ou de foie gras et à l’arroser d’un saint-estèphe. So chic !  Voilà  la crêpe-party reléguée au rang de goûter d’enfants, et le brunch de pain et de fromage quelque peu distancé. Le « burgie » règne désormais sur la carte des restos branchés avec la même autorité que le croque-monsieur sur celle du bistrot parisien. Témoin, le très hype Floors, dans le non moins hype dix-huitième arrondissement, qui vous le fait manger à toutes les sauces – et sans les doigts, s’il vous plaît.
Résultat de cette nouvelle vogue : Quick  se met à la page en proposant un burger garanti “bio”. On aura tout vu.

Jeanne Ably

 

PVF

11 oct

[peveef] n.m. – 2000; acronyme venant des mots pain/vin/fromage. Se dit d’un apéro dinatoire improvisé constitué de la base de ces trois éléments. Apanage de tout Français qui se respecte.

 

La bise, une exception culturelle

6 oct

Ah, la bise ! Stupeur et embarras de l’étranger franchissant nos frontières, dès qu’il s’agit de se dire bonjour.  La bise est notre tare nationale, bien ancrée dans nos mœurs et certes irréformable. Le petit malin qui l’esquive en alléguant un rhume ou pire est mis fissa au ban de la société, catalogué comme malotru, voire facho. Indigne, en tout cas, de partager le Nespresso.

Au bureau, en famille, entre amis, vous ne passez ni la porte d’entrée ni l’examen de sortie si vous ne vous y soumettez pas aussi scrupuleusement que nécessaire. Quand vous avez fini la tournée, il n’y a plus rien au buffet.

Deux à Paris, trois dans le Gard, quatre à Marseille, ce sport national se décline selon les régions. Pire qu’un sport : une discipline, à quoi le citoyen doit se soumettre avec zèle dès le berceau. Malheureux enfant, chétive créature qu’on pousse, bras tendus et lèvres en cul de poule,  au-devant du grand-oncle édenté et de la tante baveuse !

J’en parlais avec une amie Allemande. Elle me disait son incompréhension (légèrement méprisante) vis-à-vis de ce besoin que nous avons, nous autres Gaulois, de nous entre-lécher à chaque entrevue. Dans son pays, un simple “hallo” suffit. À la rigueur,  une poignée de main.  Outre Manche, on fait un “hug” à ses amis et à eux seuls. Les autres, on se contente de les saluer de loin. Pareil aux USA. En Belgique, l’ensalivage d’une seule joue fait l’affaire. Pour l’avoir pratiqué personnellement sur place, je dois admettre qu’il est d’ailleurs bien moins superficiel que son cousin français.

Et comme si ce n’était pas assez de claquer des bises aux personnes du sexe opposé, v’là que les garçons s’y mettent entre eux. Fini les temps virils où les copains se serraient la pogne en s’interpellant par leur nom de famille. Big Mother aujourd’hui règne. Désormais, il est de bon ton, entre potes,  de s’embrasser tendrement sur les deux joues. Perte des valeurs masculines, féminisation à tout va, culture généralisée du doudou. Nos aïeux s’en retournent dans leur tombe et quant à nous, pipelettes en guerre contre l’infantilisme, nous réclamons au minimum une chose : qu’on abandonne le nom idiot de bise et qu’on en revienne au baiser.

Jeanne Ably

 

Street fishing

3 oct

 

Paris, poupée russe : plusieurs villes en une…

    Derrière les pavés, la plage. On connaissait le slogan. On en savoure la mise en œuvre : Paris-Plage. Sous des falaises en forme de Notre-Dame et sur un sable synthétique, des marchands de glace vendent de vrais esquimaux. Pas des Inuits, mais des bâtonnets glacés. Ici les foules bronzent mais ne plongent pas. Le grand Philippe Muray (ressuscité au théâtre par Fabrice Luchini) leur a trouvé un nom : les “plagistes de la Mairie de Paris”. Il les range dans  une catégorie sociale : “les classes baigneuses”.
    Paris, station  balnéaire ? C’est oublier ses pistes de ski. Souvenez-vous du stade Charléty avec fausse neige sponsorisée, et les patinoires artificielles de l’Hôtel de Ville, du Trocadéro et de Montparnasse.
    Paris, cité polyvalente, tantôt Deauville, tantôt Megève. Et maintenant, Paris bords de Marne. Une nouvelle mode y fait rage : la pêche, avec canne et hameçon. Ça s’appelle le street fishing. Seul le décor change : tags et trottoirs remplacent le saule et la pâquerette.
    Du reste, pourquoi partir ? Pourquoi descendre à Marseille pointer le cochonnet, pastis en main. Pourquoi aller poser ses fesses sur l’inconfortable galet d’Étretat (voir l’excellent Les pieds dans l’eau, de Benoît Duteurtre), ou se les mouiller sur la berge d’une rivière limousine. Restons sur place, puisque ça mord en bas de chez nous.
Nous n’aurons plus jamais besoin d’aller ailleurs.
Adieu Sncf, au revoir Roissy, vaincus par le concept Staycation. Vous êtes en train de faire faillite.
    L’ennui, c’est que nous n’avons jamais ressenti un tel besoin de changer d’air.

Suzanne Ably


www.roots-fishing.fr

 


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