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Smoking kills

29 mar

     Si c’était le nom d’un groupe de rock, il s’agirait plus d’un Codplay végétarien que d’un Pete Doherty héroïnomane.

     La génération “smoking kills” a lu les paquets de cigarettes. Du coup, elle essaie d’arrêter de fumer. Elle respecte la planète. Elle roule en Vélib, boit du vin Naturalia et choisit l’option “staycation” pour les vacances. Elle croit en un monde meilleur. Entendez : sans pollution. Elle s’occupe énormément de sa petite santé. Épluchures des cinq fruits et légumes quotidiens dans les sacs jaunes, plastique et boîtes de conserve dans les sacs bleus. Faites l’inverse, vous provoquerez de sa part un frémissement d’horreur. Les peaux de banane, elle les garde pour fabriquer le BRF qui servira à faire pousser des fines herbes sur le balcon.
    Génial, tout ça, et quiconque se moque a mauvais esprit.
    Là où ça se complique, c’est que de l’autre côté de la Manche ils commencent, dit-on, à prohiber la cigarette dans les espaces verts. Déjà la loi en a poussé plus d’un  à s’exhiber aux terrasses de cafés enveloppés de couvertures. Jusqu’où ira-t-on pour nous faire rigoler ?
    Jusqu’à l’interdiction du rire, pour cause de pollution sonore.

Suzanne Ably

 

La Parisienne

4 jan

Photo : Blandine Lejeune

 

Figure majeure de notre patrimoine et vrai Caractère de La Bruyère, tantôt fustigée et tantôt célébrée, dans tous les cas objet de convoitises, la Parisienne, tel le bobo, n’en finit pas de faire couler l’encre. Une exposition lui est présentement consacrée aux Galeries Lafayette, prétexte à pipeleter.

       Ni déballage de chair ni string qui dépasse, le cheveu savamment décoiffé, la touche de maquillage idoine sans Botox ni bling-bling, la Parisienne est toujours au top. Ce n’est pas nous qui le disons : l’élégance à la française est une évidence internationalement proclamée. La Parisienne ne se gêne pas pour relooker son mec, des fois qu’elle l’aurait connu en marcel et en chaussures pointues. Elle fait de ses enfants des fashion victims dès le bac à sable. Quant à son intérieur,  chaque détail en est chiadé à mort, de l’applique murale jusqu’au coquetier. La déco, ça la connaît : plus au courant que Wikipédia,  elle chine ses meubles à la Croix Rouge et rougirait d’être vue chez Ikea. Si son mec est bricoleur, c’est l’idéal : rien de plus chic que le fait-maison.

       La Parisienne est au régime depuis l’aube des Temps. Ça ne l’empêche pas d’être plus portée sur la bouteille que sur le sport en salle. Toutes les occasions lui sont bonnes de se taper un p’tit verre en se grillant une  Marlboro light. Autre boisson fétiche : le p’tit noir ( tout est p’tit avec elle ) qu’elle boira sur le zinc en feuilletant le Parisien, son i-Phone 4 à la main.

       Côté mondain, la Parisienne, femme accomplie, parlera du prix du mètre carré dans les dîners en ville, ceux qui rassemblent les genres et les réseaux à grand renfort de cartes de visite (avocats, écrivains, comédiens, call girls, docteurs ès squelettes de Pygmées). Elle se vantera  de sa dernière acquisition-vente-presse à la faveur d’une girly party strictement interdite aux maris, définitivement relégués aux couches-culottes et aux poussettes.

       Plus généralement, cet être survolté a le sens de  la « nigth » et du loisir éthylique,  un goût prononcé pour le name-dropping et les virées du week-end. Fondue de musique et djette à ses heures, elle passe derrière les platines dès que l’occasion se présente, même le jour de son mariage, puisqu’un mariage est aujourd’hui de bon ton (moins vulgaire que le Pacs).

       Ses traits de caractères ne sont un secret pour personne : égoïste, contestataire, râleuse, resquilleuse, la Parisienne, malgré une éducation au cordeau et des écoles privées hors de prix, dit à peine bonjour et n’arrive jamais avant dix heures du soir à un dîner. Elle a toujours trop froid ou trop chaud. Elle déteste le dimanche et encore plus le lundi. Elle vomit la baguette trop cuite, le métro aux heures de pointe, les escalators en panne. Elle prend les sens interdits en Vélib ( qu’elle rendra à la 29e minute, la première demi-heure étant gratuite ), elle remonte la queue du cinéma, elle se bourre dans les cocktails. À la moindre anicroche elle vous engueule. C’est par-dessus tout une emmerdeuse. Faut dire qu’elle a de qui tenir. Louise Michel, Simone de Beauvoir, Isabelle Thomas, Yvette Roudy, Ségolène Royal, Catherine Deneuve sont ses modèles, dont la liste n’est pas close.

Jeanne Ably

 La Parisienne Du 1er avril au 4 juin 2011 aux Galeries Lafayette du mardi au samedi de 11h à 19h ( entrée libre )

Le ring’ sur le ring

2 avr

Imaginez le film Cry baby avec les “frocs moulants” en laissés-pour-compte et les “coincés” en redoutables meneurs faisant la loi, le rock’n’roll et la délinquance juvénile ayant baissé les armes devant la bienséance.
Ce remake inversé du succès de John Waters résumerait l’esprit de 2010, époque où le ringard revient furieusement en vogue.
Eh oui, l’overdose de grunge et de rock que nous avons subie ces derniers temps a engendré un revirement à 180°.
Dans les années 50, pour choquer le bourgeois, il fallait, tel Johnny Depp en Wade Walker, balader ses tatouages en Harley, cheveux au vent et surtout sans casque. Soixante années plus tard, c’est à Vélib qu’on est dans le vent, et casqué comme une guêpe. Comme ça tout le monde est content, écolos et hosto.
Sur la scène parisienne, les grandes lunettes ostensibles ne sont plus l’apanage des seuls premiers de la classe, et ne signifient plus la myopie. Leur port ne vaut plus à personne l’appellation infamante de binoclarde. Avec la meilleure vue du monde, on s’en embarrasse pour le style.
Exit le cheveux peroxydé. Has been, “la fille perdue au cheveux gras” et  bicolores, racines noires et pointes jaunes. Notre baromètre de la tendance Kate Moss affiche désormais une teinte plus proche du troisième âge que de la post-adolescence. Pour preuve, l’apparition de KM à la soirée de lancement de sa ligne de sacs Longchamp, coiffée d’un chignon grisonnant.
Télécharger de la  musique, du vol ? En tout cas, l’achat de CD appartient désormais à l’archéologie des moeurs. Pour être sur le bon tempo, il faut maintenant écumer les brocantes ou vide-greniers, et y dénicher des vinyles. Aux ordures, la chaîne hi-fi minimaliste ! Vive l’antique gramophone! Longue vie au bon vieux tourne-disque!
En résumé, pour être dans le coup, soyons ringard. Ceci n’est pas un oxymore. Reste à savoir quoi faire de nos dix doigts actuels. La solution est simple: procurons-nous de la laine et des aiguilles, et réapprenons à tricoter. Passe-temps aussi tendance qu’utile : le pull jacquard est la quintessence du branché!

Suzanne Ably

 

Back from Berlin ( épisode 2)

3 oct


Autre observation qui n’a pas manqué de  me crever les yeux, c’est que le vélo tient ici le haut du pavé.
Et certainement pas le «Vélib»,  qui est au deux-roues ce que la poufiasse est à la femme. Non, non, non.  La bicyclette, à Berlin, est un accessoire d’élégance avant même d’être un moyen de locomotion.  Elle est rouge pétant, bleu électrique, multicolore, customisée même… Elle signe toute une attitude et presque une vision du monde :  on pédale seule ou en bande de copines, avec sa progéniture ou mieux : avec son soupirant.  Le top : grimper  à califourchon sur le porte-bagages de ce dernier, ou en amazone sur son guidon (vu à plusieurs reprises).
Et nul  risque de se faire enquiquiner par la police, qui apparemment là-bas a mieux à faire que de traquer les cyclistes, ou de se faire piquer sa selle en cuir par quelque malotru (le peuple allemand bien trop civilisé pour ça).
Le vélo est sacré à Berlin. Je vous le répète : le cador du trottoir !  On rencontre d’ailleurs très peu de scooter : les Allemands trop écolos pour rouler sur des engins à moteur.
Eh oui, ils sont bien, ces gens là !
Mais pointilleux tout de même sur leurs droits : avisez-vous de mordre tant soit peu sur la  sacro-sainte piste cyclable, vous autres has been de piétons… vous vous ferez illico remettre à l’ordre par une sonnette hargneuse, sans moratoire.

J.A


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