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La manie du mini

2 déc

Dutronc père le chantait : tout est mini dans notre vie. Pourquoi cette fatalité régressive chez nous autres Français ? Cette manie que nous avons de tout réduire au iota. Ça va de la p’tite robe noire au p’tit café en passant par la p’tite balade et la p’tite coupe de cheveux. Règne de la demi-portion. Dictature de Lilliput. Tout est petit, tout est mignon, tout est gentil chez nous. Soit, les Espagnols ont leur « ito », les Italiens leur « ino » , les Portugais leur « inho »,  les Grecs leur « ika », alors pourquoi pas nous ? Le petit haut, c’est tellement plus sympa que le tee-shirt…
Attention tout de même de ne pas sombrer dans la mièvrerie. Ce n’est plus la mère de Marie qui vient chercher sa fille à l’école mais la maman de la petite Marie et bientôt la mamounette de la gentille Riri.
Alors montons sur nos grands chevaux, ouvrons nos grandes gueules et partons en guerre contre l’infantilisme. Filons de ce pas bouffer une bonne grosse  entrecôte bien saignante avec double ration de frites grasses, bordel, selon la consigne de Dutronc fils !

Jeanne Ably

@Blandine Lejeune


 

 

 

Photomanie

23 nov

@Hélène Pambrun

 

Conséquence du Smartphone : la photomanie.
Chez soi, au restaurant, dans la rue, à vélo, sur les escalators, dans les cocktails et aux réceptions de mariage, l’objectif est de dégainer plus vite que son ombre et de mettre en plein dans le mille.
Paris sous la neige, l’appendicite de sa petite Joséphine, ses nouvelles chaussures à 350 €, les 80 ans du beau-père édenté… sans oublier le brunch dominical et la purée maison, toutes les cibles sont à portée de pouce.
Phénomène si général que les sites spécialisés avec application iPhone se multiplient sur la toile. Pour n’en citer qu’un : « Food Reporter« , ci-devant « J’aime prendre en photo ce que je mange », qui livre aux mobinautes la conservation ad vitam aeternam de ce qu’ils ont eu dans leur assiette le 20 novembre 2011 et leur permet d’en infliger le spectacle à tous leurs « friends« , même aux moins gourmands et aux plus frugalistas.
Les chiffres parlent : plus de deux cent mille malfaiteurs ont eu déjà recours à ce genre de bombes à fragmentation. La guerre du cliché est sans merci.

J.A

 

Ping-pong

13 mar

Après la pétanque, la boxe ou, moins répandue, la course en escarpins, c’est le Ping-pong, longtemps relégué au rang de manie de jardin (voire de garage) qui devient The sport-to-do.

À Berlin, Tokyo et NYC, villes ô combien célébrées, et dans une moindre mesure entre les murs de notre capitale, la tendance fait rage. Bars à Ping-pong, soirées « tournantes », accessoires de luxe, tout y passe. Même les people s’y mettent. Pour n’en citer que trois : George Clooney, Scarlett Johansson et Suzan Sarandon. Cette trinité ne jure plus que par la petite balle blanche et la taquine ardemment dans quelques bars spécialisés. Citons le Spin club, qui devient l’endroit le plus en vue de Manhattan et le Fat Cat, club de jazz  underground du West Village qui offre la possibilité à ses clients de se faire une petite partie  entre deux sets de jazz.

Quant aux créateurs, ils ont saisi la balle au rebond. C’est le moins qu’ils pouvaient faire. Ils proposent la panoplie idoine : housse brodée à la main signée Jonathan Adler et set de raquette Diane von Fürstenberg.

Ce n’est pas tout : à l’honneur dans les clips et sur nos murs, le « Ping » devient une source intarissable d’inspiration pour tout ce qui est musicien, designer ou homo artisticus. La preuve par le son.

Jeanne Ably

 

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Goutt’d’or

10 fév

Un nom précieux pour cette pépite mitoyenne de Montmartre, mère patrie du regretté Alain Bashung et de Fabrice Lucchini. Pas des moindres.

Sortant du métro Château-Rouge, ce n’est pourtant pas les paillettes qui sautent aux yeux. Il faut se frayer un passage entre les « poulets » à la main lourde (pour ce qui est de distribuer les prunes)  ; les marchands à la sauvette (qui jouent au chat et à la souris avec les CRS) ; et la foule omniprésente et pérorante des piétons.

On prend des rues aux noms agréablement franchouillards, rue des Poissonniers, rue Poulet, rue de la Charbonnière…

On s’aventure dans ce Wall Street du deal, population haute en pigments et bourrée de piments. Allées et venues et brouhaha intenses, ruelles pleines d’odeurs et de voix résonnant entre les beaux immeubles, pavé garanti « vieux Paris », celui d’Aristide Bruant, l’ancêtre de Brassens et de Doc Gynéco. Plus trash mais aussi plus underground qu’Amélie Poulain.

Dans ce décor, point de Japonais dégainant un Canon EOS550D, ni de bars à sushis, ni de boutique American Apparel. Amis de Saint-Germain-des-Près et du Marais, qu’attendez-vous pour consulter le PAP et connaître enfin la vraie vie ?

Ici, on trouve de quoi faire le maffé. Sur ce marché parisien sont importés diverses sortes de légumes africains, en quantité si importante, dit-on, que les gens de là-bas en sont privés. Mythe urbain ? En tout cas, la banane plantain arrive par conteneurs entiers tous les jours à la Goutt’ d’or.

Pas seulement elle. La charcuterie du Cochon d’Or porte bien son nom. Tenue par un couple charmant, dont le mari a été immortalisé par le célèbre Martin Parr pour l’exposition « The Goutte d’Or », la boutique propose du porc pur porc, de l’alcool avec alcool et autres délicatesses prohibées. On est conquis.

Avec un peu de chance, vous croiserez un « dandy sapeur« , au chic inégalable, régnant sur le périmètre. Instant de grâce.

Ce morceau de Paris n’inspire pas seulement les photographes. Les romanciers l’ont chanté. Zola y planta un décor de son « Assommoir », et Bernard Nabonne en tira un récit au titre sans équivoque : « La Goutte d’Or ». Mais c’est Malika Ferdjoukh qui en parle le mieux. Elle confie dans un manifeste collectif, « Lire est le propre de l’homme » (l’école des loisirs, éditeur)  LA rencontre qu’elle y fit dans son enfance : celle d’Yvette, la prostituée qui lui a donné le goût des livres.

À  la Goutte d’Or, pas encore de jeunesse dorée, mais des bobos par convois, avec ce qui va avec : fleuristes, crêperies bio, « petits » cavistes à cent euros la bouteille, et même un projet de fabrique de bières artisanales.

Pas encore de boutique The Kooples, Dieu merci. Cette goutte-là ferait déborder le vase d’or.

Suzanne Ably

 

Briend

22 mar

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Au boulot, sur le Net, et maintenant en politique, tutoiement de rigueur !  À l’heure où l’américanisme et le globish gangrènent le langage à grand renfort de « burn out » et de « fake news », le vouvoiement se ringardise. 

           Ainsi gagne l’esprit start up dans l’open space, et pas seulement chez les publicitaires et journaleux  en running et hoodie (traduisez sweat à capuche). Abolies les hiérarchies entre patron et secrétaire, entre cadre supérieur et p’tit stagiaire, il s’agit désormais de brainstormer à l’unisson autour d’une partie de baby foot et de s’enjailler (approximative contraction d’enjoy et de s’amuser) au rade du coin.  

          Même constat sur les plateformes en ligne type Vinted où l’on te remercie pour ta commande et te dit salut en t’appelant par ton p’tit nom.  Chez Apple ou Ikea, le service après- vente propose, après trente secondes de bla-bla, de poursuivre à la deuxième personne du singulier, histoire de faciliter la communication. On est potes, pas vrai ? Usage baptisé briend (contraction de brand et de friend) et qui en dit long sur la frénésie de l’homo ludens à vouloir de la « coolitude » à tout prix.  

         Accro aux réseaux sociaux, l’homme politique s’y met.  Sarko ouvrit la voie avec son célèbre « Casse-toi pauv’ con ! » qui lui valut d’être définitivement rangé dans la catégorie à dégager. Il fut suivi par Bernard Kouchner, taxé de colonialisme par suite d’un « J’ fais c’que j’veux, mon gars » lancé à l’ »humoriste » Yassine Bellatar sur France 2. Même punition pour notre Président en poste, dont le « bordel », qualifiant l’accueil houleux que lui faisaient les salariés d’une entreprise, a créé un tollé

         L’Église catholique s’est mise à tutoyer Dieu. Elle va peut-être l’appeler par son prénom. Triomphe de Vatican II, ou de Mai-68 ? Victoire des tenants de l’égalitarisme, en tout cas.  Désagrégation des barrières sociales, haine du pouvoir (des autres), rejet de l’autorité : voilà le catéchisme d’aujourd’hui. Difficile d’entrer en dissidence.  La religion du « tu » s’étend.

Jeanne Ably

 

Les Mamounettes de l’Internet

3 fév

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À l’heure où le hashtag instakids imbibe la toile aussi profondément qu’un crachin l’herbe normande, il est temps de traiter d’un sujet grave.

J’ai nommé Les Mamounettes de l’Internet.
 
Le terme paraît sortir d’un « Télé-boutique-Achats » des Inconnus : résurgence bienvenue en 2017, à l’heure où la rigolade se perd. Car on ne rigole plus assez. Castigat ridendo moresc’est le rire qui châtie les mœurs : on le sait pourtant depuis le Tartuffe de Molière. 
 
Mais ne riez pas en entendant ces mignonnes syllabes qui semblent avoir été prononcées par une Lily-Rosette à l’adresse de sa petite-maman-chérie. L’appellation Mamounette de l’internet ne doit rien au second degré, elle provient des statistiques et des agents de marketing qui ciblent cette catégorie socio-2.0 hyperactive sur le Web dès qu’ils s’agit de parler de sa progéniture.
 
L’héritière de la Super Women des années 80, dotée maintenant d’enfants, reste imbattable sur tous les tableaux et assure à tous les niveaux.
Ultraréactive quand il s’agit de ses mioches, la Mamounette de l’internet ne lésine pas sur le temps passé à suivre les émissions consacrées au premier âge. Elle les note à coup d’étoiles, avant d’éditer son commentaire sur un blog traitant du même sujet (à moins qu’elle n’en soient elle-même l’administratrice). 
 
Son champ lexical, pour célébrer le dernier bon mot de son Blondinet, est aussi riche que pour traiter de « l’excès de sensibilité » sonore due au Second — entendez qu’il fait un caprice. Lequel caprice sera résolu par un « temps calme avec doudou », ou plus précisément avec l’un des sextuplés du doudou, car la Mamounette abrite dans sa grande famille des clones de la peluche sacrée. Il faut tout envisager, même le pire, et mieux vaut avoir des munitions en cas de malheur. Il faut dire que Doudou fait partie de la famille. Il est arrivé en même temps que Bébé, parfois bien avant Nounou.
 
Baignée de bons sentiments, la Mamounette vit dans un monde où le Bien a triomphé. Le tri sélectif et le zéro déchet seront intégrés par ses enfants avant même qu’ils sachent prononcer un mot ni parler de tolérance et de droit à la différence.
 
Son monde meublé de peaux de mouton sur fauteuil en rotin, et coloré par Farrow and Ball, s’honore d’activités culturelles et sent bon le petit plat bio.
Ses interventions sur la toile nous renvoient à notre triste sort de mère indigne, nous qui ne revenons pas d’une bibliothèque pour cuire des cookies sans gluten, sans lactose, sans sucre et sans chocolat.
 
La Mamounette de l’internet rime avec parfaite. Expo du moment pour tout-petits, menu de la cantine, anniversaire XXL, autant de sujets qu’elle maîtrise avec la virtuosité d’un Django à la guitare. Le seul moment où elle n’a pas les yeux rivés sur ses Blonds ? C’est quand elle publie. Le blog, l’insta, le chargement d’un album photo facebook sur iphone qui retracent les avancées de Bébé, puis re-l’insta, et re-le blog etc., etc., — il faut saisir l’actualité « en temps réel », ce qu’on appelait jadis « sur le vif ». Ses échanges avec la blogosphère, aussi. Une bonne recette gluten free contre un docu sur l’écologie des tout-petits. Il n’y a pas assez de 24 heures dans la journée.
 
Suzanne Ably

Maboul

19 août

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Photo : Aurélie Giraud

                                                                                                

De mini à maboul il n’y a qu’un pas, immense, celui qu’a fait le branché pour qualifier ce qui l’entoure.

Ce qu’il vit a pris de l’ampleur. C’était riquiqui, c’est devenu diluvien. C’était maigrelet, c’est devenu baraqué. Il prenait jadis des p’tits cafés dans le p’tit bar d’en face. Il boit désormais un Spritz sur un rooftop devant un coucher de soleil de maboul.

Venant de l’arabe et signifiant « fou », le terme est mis par lui à toutes les sauces et accolé à tous les mots. C’est la preuve que le relief est au rendez-vous de son parcours, que sa vie est plus fun que la nôtre.

Le branché ne souffre plus la mollesse ni la demi-mesure. Il n’est plus du genre à y aller de main morte. Il emprunte son vocabulaire à la Genèse (chapitre 7 verset V) où est décrit le déluge et le déchaînement des éléments que Dieu provoque pour remettre les hommes à leur place.

Faut dire que le branché a pris la folie des grandeurs. Plus question de se boire un côtes-du-rhône et de faire un PVF au camembert. On accompagne désormais son brie aux truffes d’un puligny-montrachet. Tout comme les anniversaires et autres célébrations de l’ego : DJ tatoués et cagnottes leetchi à quatre chiffres pour les grands ; fées ou magiciens de location avec macarons Ladurée pour les petits.

Le branché a soif de vues maboules, d’endroits dingos, il veut pouvoir dire que « c’était fou ».

Pourquoi les marginaux, les serial killers et les poètes maudits auraient-ils le monopole de la folie? L’homo conectus y a droit aussi.
Être dans le vent : un truc de ouf, voilà tout.

Suzanne Ably

 

À propos

21 fév

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Chez la femme, soutenait Montherlant, il n’est pas de gros chagrin qui résiste à l’achat d’une petite robe.

N’en déplaise aux féministes, ce misogyne mettait là le doigt sur un trait de caractère dont nous nous faisons une gloire.

Nous revendiquons cette futilité nommée coquetterie. Elle est une force, un moteur. C’est pourquoi nous chroniquons ici l’attirail dont nous nous parons au quotidien.

Mais ce sujet frivole n’épuise pas nos besoins de jacasser.

De plus en plus, nos bavardages s’étendront aux mots, aux modes, aux manies du temps.

Perchées sur les hauteurs de notre belle cité, les pipelettes que nous sommes n’en finiront jamais de pérorer : non mais sans blog ! 



Paris versus New York

16 nov

 

Entre Paris et New York, le cœur bobo balance.
D’un côté l‘élégance et le romantisme français, de l’autre la ville de tous les possibles…
Si  la Parisienne raffole :
– de son vélo chiné dans une FAT (foire à tout),
– de sa baguette croustillante trempée dans un p’tit crème  (et servie accessoirement par un garçon de café à la muflerie bien française ),
– de son 120 mètres carrés décoré par ses soins moyennant force lectures de blogs déco,
– et de ses « soldes presse » Isabel Marant…
qu’est-ce qu’elle ne ferait pas aussi pour vivre dans un loft à Brooklyn, se déplacer en « cab », pouvoir faire du shopping le dimanche un mug de « cafe latte » à la main, et se bâfrer de bagels .
Dans un blog intitulé Paris vs. NYC, Varham Muratyan, graphiste de son état et New-Yorkais de naissance,  dessine jour après jour ce match urbain des plus amicaux.  Succès tel qu’une expo était organisée en septembre chez Colette, suivie d’un livre qui vient de paraître aux éditions 10-18 et qui présentement fait le buzz.

Il y a de bonnes idées qui sont des coups de génie.

Jeanne Ably

Photo: Hélène Pambrun

L’avenir au passé

6 nov

J comme ThérèseSuzon & LenaClotaireEn selle MarcelPaulette magazineMerci AlfredSympa SimoneSerge, les Brigittes… la mode est, force est de le constater, aux prénoms de nos aieux.
Résultat : Enzo et Léa, has been !
C’est maintenant les Léontines et les Jacques qui tiennent le haut du bac à sable.
Obsession d’un retour aux sources. Engouement pour le raing’. Furie du «old is, so good is». En pull jacquard et moccassins, on est plus que jamais paré pour jouer à la belotte et tricoter au coin du feu. Ah ! se repasser l’intégrale des Charlie Chaplin ( ou éventuellement The Artist avec l’excellent Jean Dujardin ) en buvant une p’tite tisane…
La révolution est en marche.

Jeanne Ably

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La Parisienne

4 jan

Photo : Blandine Lejeune

 

Figure majeure de notre patrimoine et vrai Caractère de La Bruyère, tantôt fustigée et tantôt célébrée, dans tous les cas objet de convoitises, la Parisienne, tel le bobo, n’en finit pas de faire couler l’encre. Une exposition lui est présentement consacrée aux Galeries Lafayette, prétexte à pipeleter.

       Ni déballage de chair ni string qui dépasse, le cheveu savamment décoiffé, la touche de maquillage idoine sans Botox ni bling-bling, la Parisienne est toujours au top. Ce n’est pas nous qui le disons : l’élégance à la française est une évidence internationalement proclamée. La Parisienne ne se gêne pas pour relooker son mec, des fois qu’elle l’aurait connu en marcel et en chaussures pointues. Elle fait de ses enfants des fashion victims dès le bac à sable. Quant à son intérieur,  chaque détail en est chiadé à mort, de l’applique murale jusqu’au coquetier. La déco, ça la connaît : plus au courant que Wikipédia,  elle chine ses meubles à la Croix Rouge et rougirait d’être vue chez Ikea. Si son mec est bricoleur, c’est l’idéal : rien de plus chic que le fait-maison.

       La Parisienne est au régime depuis l’aube des Temps. Ça ne l’empêche pas d’être plus portée sur la bouteille que sur le sport en salle. Toutes les occasions lui sont bonnes de se taper un p’tit verre en se grillant une  Marlboro light. Autre boisson fétiche : le p’tit noir ( tout est p’tit avec elle ) qu’elle boira sur le zinc en feuilletant le Parisien, son i-Phone 4 à la main.

       Côté mondain, la Parisienne, femme accomplie, parlera du prix du mètre carré dans les dîners en ville, ceux qui rassemblent les genres et les réseaux à grand renfort de cartes de visite (avocats, écrivains, comédiens, call girls, docteurs ès squelettes de Pygmées). Elle se vantera  de sa dernière acquisition-vente-presse à la faveur d’une girly party strictement interdite aux maris, définitivement relégués aux couches-culottes et aux poussettes.

       Plus généralement, cet être survolté a le sens de  la « nigth » et du loisir éthylique,  un goût prononcé pour le name-dropping et les virées du week-end. Fondue de musique et djette à ses heures, elle passe derrière les platines dès que l’occasion se présente, même le jour de son mariage, puisqu’un mariage est aujourd’hui de bon ton (moins vulgaire que le Pacs).

       Ses traits de caractères ne sont un secret pour personne : égoïste, contestataire, râleuse, resquilleuse, la Parisienne, malgré une éducation au cordeau et des écoles privées hors de prix, dit à peine bonjour et n’arrive jamais avant dix heures du soir à un dîner. Elle a toujours trop froid ou trop chaud. Elle déteste le dimanche et encore plus le lundi. Elle vomit la baguette trop cuite, le métro aux heures de pointe, les escalators en panne. Elle prend les sens interdits en Vélib ( qu’elle rendra à la 29e minute, la première demi-heure étant gratuite ), elle remonte la queue du cinéma, elle se bourre dans les cocktails. À la moindre anicroche elle vous engueule. C’est par-dessus tout une emmerdeuse. Faut dire qu’elle a de qui tenir. Louise Michel, Simone de Beauvoir, Isabelle Thomas, Yvette Roudy, Ségolène Royal, Catherine Deneuve sont ses modèles, dont la liste n’est pas close.

Jeanne Ably

 La Parisienne Du 1er avril au 4 juin 2011 aux Galeries Lafayette du mardi au samedi de 11h à 19h ( entrée libre )


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