Goûter d’anniversaire
7 jan
Apothéose du tout-puissant enfant-roi, chéri de nos sociétés consuméristes : le goûter d’anniversaire. Jadis rendez-vous du premier âge rythmé par quelques parties de chat perché entre deux absorptions de gâteaux Savane, cet événement annuel, motif de péché d’orgueil depuis l’aube de la chrétienté, prend une importance gargantuesque à l’ère de l’homo festivus, lequel ne rate aucune occasion d’exhiber sa qualité de vie et son art de recevoir.
Chasse au trésor sur un yacht, vol en hélicoptère, dompteur de lions, fée à domicile, salon transformé en navire de pirates. Les parents retombés en adulescence sur l’injonction des réseaux sociaux déploient l’arsenal coûteux qui leur permettra de célébrer le sacre annuel de leur progéniture. À défaut d’échanges à la sortie de l’école, les mères, définitivement réduites à l’état de « mamans », voire de mamounette écument les blogs en quête du gâteau idéal – celui, en forme de reine des neiges, qui suscitera un max de whaou !. Les « papas », en proie au même processus d’infantilisation générale, tassent tant bien que mal leur bedaine dans les panoplies de superhéros plébiscitées par les 2-4 ans. Quelques privilégiés au budget extensible n’hésitent pas à faire appel à des agences spécialisées, de plus en plus nombreuses à proposer leurs services en matière de fête réussie. Plus culturel, des musées privatisent quant à eux leurs espaces, à l’image du Musée des Arts décoratifs qui propose des ateliers d’expression plastique pour permettre aux enfants de s’approprier les matériaux et la démarche des artistes. La belle affaire.
Jeanne Ably