« Besoin d’amour »

18 jan

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France Gall nous plante là, début 2018, avec en cadeau d’adieu ce refrain des années 80 qui sonne comme un appel au secours, comme si l’homo connectus était un terrien en détresse.

Pourtant notre génération « Petits Mouchoirs » ne lance pas de SOS. Elle sait que le Bien vaincra, et fait face au malheur avec encore la même arme que ses parents soixante-huitards : l’amour. « Faites l’amour, pas la guerre ».

Le baby-boomer des Trente Glorieuses, enfant pourri-gâté de l’Histoire, a échappé aux tempêtes du siècle. Sa génération « lyrique » (suivant le titre d’un essai magistral du Québécois François Ricard), a donc élevé le bien-être au rang d’impératif sacré et ses enfants dans l’évidence du bonheur : pas question de s’encombrer la tête d’autre chose que du plaisir, la seule idole digne de culte, le seul totem présentable (venu d’Amérique comme par hasard) c’est Bisounours.

Et aujourd’hui les occasions foisonnent pour l’homo festivus de dire sa joie. Anniversaires, mariages, remariages, démariages, reremariages – autant de grands-messes qui se célèbrent en se répétant qu’on s’aime et que c’est bon de s’aimer — avec quelques substances, on le dit plus vite qu’on ne le pense.

Même le deuil permet de se le redire entre potes ou entre Charlies buvant des bières. « Ils ne nous auront pas, puisqu’on s’aime. » Depuis le début de cette année, 4 207 cœurs ont été envoyés sous forme d’emoticônes à une foule de connectés qui s’en sont trouvés ravis. Le cœur, symbole d’amour. Le cœur, organe qui bat mais le fait sans violence : quel trésor !

Suzanne Ably

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