Breadcrumbing
16 mai
Breadcrumbing : littéralement «jeté de miettes de pain», ou comment faire mariner sa victime en lui donnant des nouvelles au compte-gouttes. Qui plus est, du bout des doigts.
Méthode de séduction masculine vieille comme le monde mais qui connaît un regain à l’ère du téléphone mobile. Un like tous les quinze jours pour entretenir la flamme, un SMS à 4 heures du matin pour faire renaître l’espoir. Pourtant hyperactif sur Messenger et Whatsapp, Don Juan se garde d’en donner plus.
Hyperconsommation de l’amour rendue possible par les applications de rencontres qui champignonnent aussi profusément que les bars branchés. Tinder, Happn, Once : au supermarché de la chair fraîche, le mec change de petites copines comme de marques de yaourt, balançant dans son Caddie toutes ses envies du jour. Mieux encore, il géolocalise ses proies pour être sûr d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent, vite fait bien fait.
Jouir sans entraves, surtout jouir sans avoir à rendre de comptes ni se donner trop de peine : has been l’alexandrin, le sonnet, la sérénade. Il suffit désormais de swiper (glissement du doigt vers la droite ou la gauche) pour sélectionner la promo du jour et profiter des « date courte ». Quitte à rejeter le produit avarié.
Les yeux rivés sur son Smartphone, la jeune fille n’espère plus qu’on lui compte fleurette ni qu’on lui lance des œillades. Au lieu de se laisser draguer dans le métro ou à une terrasse, elle reste à se faire «liker» devant son écran, en quête d’un maximum de « match ».
Réchauffés, l’amour et le hasard.
Résidus de micro-ondes.
Il faut désormais du prêt à consommer, ici et tout de suite.
Jeanne Ably
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