Boubour
24 mai
Retour aux sources et mort du politiquement correct ! Désormais on ne se gênera plus pour aimer les grosses bagnoles et l’andouillette sauce moutarde. Fatigué de ravaler ses grivoiseries face aux auditoires Nuit Debout et Mariage pour tous, le boubour (contraction de bobo et de bourrin ) se révèle intolérant à la pensée unique, tout comme le bobo au gluten.
Finies les retraites de méditation au thé vert, abandonnées les missions humanitaires dans les jungles du Nord-Pas-de-Calais. Tandis que d’autres prônent la mixité tout en inscrivant leurs chers petits dans des cours privés hors de prix, le boubour se la coule ostensiblement douce. Il passe ses vacances sur un yacht, porte des costards à dix mille euros pièce et se chausse chez John Lobb. Pur produit d’une droite décomplexée, symbole de la fachisation galopante qui a sacré Donald Trump, type accompli du miracle américain, et qui a failli nous valoir François Fillon, adepte des courses automobiles, l’hédoniste dernier cri ne craint d’afficher ni sa couleur politique, ni surtout ses instincts de dragueur, aussi honnis soient-ils.
Balayés les idéaux socialistes de respect et de justice sociale, incarnés par des modèles aux mœurs aussi pures que DSK et le président à scooter. L’heure est au machisme insolent, autant dire à la frime. Ce qu’il faut c’est laisser libre cours à ses instincts, swiper sans scrupules, se la coller à grand renfort de Ruinart millésimé, exhiber ses pectoraux en acier et ses mollets de centurion. Les années 70 furent une ère de “libération” où la femme s’en remettait à Moulinex plutôt que de s’instagramer dans une Womens March, et vivait dans l’obsession quotidienne d’amortir sa pilule. Nostalgique de ce temps, et amateur de sensations fortes, notre « connard d’hétérosexuel » (pour parler comme Beigbeider, chantre de la boubouritude) remate en boucle les films de super-héros et raffole du métal, ainsi qu’en témoigne la tragédie du Bataclan, où s’était donné rendez-vous le tout-Paris bobo pour applaudir Eagles of Death Metal, groupe dont le leader s’est toujours proclamé haut et fort pro-gun et anti-avortement.
Jeanne Ably