Morningophile
4 fév

@Lancelot Lippi

@Lancelot Lippi
Se lever à l’aube, avaler une dizaine de kilomètres en petite foulée entre deux selfies face au soleil levant (qu’on s’empressera d’instagramer sous les hashtags #5am, #earlyriser ou #earlybird), puis se récompenser d’un Granola maison au lait de brebis. Et au boulot ! Has been les grasses mat’ et les croissants au beurre. Fini les PVF et les soirées sur rooftop sous un ciel étoilé de maboul. Au diable les séries télé, les dernières séances et les gueules de bois à la Kro : les morningophiles colonisent nos petits matins, chantés en son temps par Dutronc père.
Débarquée des États-Unis, la tendance prend ses racines dans un ouvrage intitulé The Miracle Morning, best-seller outre-atlantique. Elle fait rage là-bas chez les people, les politichiens, les start-upers et autres maniaques du développement personnel. Pour n’en citer qu’un ou plutôt une : Ana Wintour, papesse de la mode et symbole s’il en fut de réussite, laquelle se vante d’être derrière son Mac à 5 h du mat’ pendant que les paresseux roupillent.
Même constat chez nous où les adeptes de l’épanouissement et de la productivité à tout crin sont de plus en plus nombreux à se retrouver dès potron-minet pour un cours de yoga ou une séance de méditation. Résultat : des applis smartphone voient le jour pour empêcher ces prosélytes, aussi à l’aise côté portefeuille que dans leur running rose fluo, de remonter leurs réveils. Sans parler des before work, concept de boîte de jour permettant de se déhancher un café à la main, au saut du lit. Ces lieux de perdition fleurissent çà et là et achèvent de «sociabiliser» nos derniers instants de répit. Le bonheur, c’était pour hier. L’enfer est pour demain.
Merci à Lancelot Lippi
Jeanne Ably