La vie en co

19 jan

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                       Venant du latin cum (« avec »), le préfixe co connaît son heure de gloire sous l’impulsion des sites de partage et autres initiatives collaboratives.  À l’heure où boire un verre en terrasse est une menace à peine moins grave que le gâteau fait maison (désormais banni des fêtes de classe dans les écoles publiques) ou que le plat 100% gluten servi aux tables amies, une priorité absolue : recréer du lien social, moyennant des plateformes qui mettent l’accent sur la notion de confiance.

                      C’est ainsi que l’adulescent optera pour le coliving, variante de cohabitation droit débarquée des Etats-Unis et consistant à vivre en communauté sans trop avoir à subir les odeurs intempestives émanant de son colocataire. Avec, en prime, un ingénieur social, sorte de chef de dortoir chargé d’organiser des activités de groupe et d’assurer cohésion et harmonie entre des résidents résolument nostalgiques de leurs chambrées de pensionnat.  Mieux que l’autostop, en tout cas plus prudent, le covoiturage donne l’occasion double, comme chacun sait, de réduire ses frais de bougisme et de partager des moments de griserie avec de belles personnes, toutes générations confondues. Dans le monde magique de la sharing economy, plus question de déprimer seul chez soi entre ses quatre murs. Les coffices ( contraction de coffee et d’office ) accueillent, à côté des espaces de coworking qui fleurissent dans les zones urbaines, les freelances, solopreneurs, slashers et autres travailleurs nomades sans bureau fixe.  Moyen efficace d’éviter, non pas le burn-out, en vogue dans nos sociétés d’hypocondriaques, mais le bore-out, épuisement professionnel dû à l’ennui. Car la cocotte en papier et les post-it ne suffisent plus. L’heure est grave. Le bureaucrate est en danger.

Jeanne Ably

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