SWAG

4 juil

De Shakespeare à Kanye West, il n’y a qu’un pas, un pas de vocabulaire. Si le premier utilise le verbe swagger (fanfaronner, frimer) en 1515 dans le Songe d’une nuit d’été, le second se voit couronner « roi du swag » par des contingents de fillettes en compensées et sac à main Martin Margiela.  Réapparu en douce dans les années 30 pour qualifier ce rouleur de mécaniques de Sinatra, puis repris en force par la scène r’n’b américaine, ce terme, dont se pourlèchent quelques hipsters boutonneux et autres journalistes en mal d’anglicismes, signifierait qu’on a de l’allure. Pas élégant (ennuyeux) ni chic (snob et vieillot), mais « stylé ». Cool, quoi – et plus encore. Ce qui compte, c’est la façon dont on porte le vêtement. N’est pas Brando qui veut : lui seul peut s’exhiber en marcel sans friser le Dupont la Joie. Idem pour Nicolas Cage, qui endosse sa veste en croco «comme symbole de sa personnalité et de sa passion pour la  liberté» dans le cultissime Sailor et Lula. Le swag, on l’aura compris, est ce petit truc en plus qui résiste au temps. Cela dit, le vocable en question, qui actuellement se répand comme un virus sur la blogosphère, disparaîtra, soyons-en sûrs, dès que les gourous de la Culture street l’auront jugé indigne de franchir la grille des cours de récré. Au suivant !

Jeanne Ably

 

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