Archive | juillet, 2012

Mariage

26 juil

Kate Moss et Jamie Hince, Sofia Coppola et Thomas Mars, Angelina et Brad Pitt (attendus de pied ferme pour l’été), tous donnent le la de la Messe en si en relançant le mariage. C’est décidément plus glamour que le Pacs, juste bon pour les banlieusards en mal de potes et les transsexuels avides de reconnaissance.
        La Parisienne aussi se fait passer la bague au doigt en présence du Tout-fashion, consécration sociale de son amour pour le mec qu’on lui connaît : il a le mérite de se trouver là et de tenir le choc.
        Mais attention : s’agit pas de se marier à l’aube de ses 25 ans aux frais de papa dans la gentilhommière familiale, au prix des traditionnels discours soporifiques suivis de sketches débiles. Oh que non ! La Parisienne, du haut de ses trente ans bien arrosés, possède un sens aigu de la « night ». Elle se marie en robe courte de créateur et Louboutin, faisant venir de Berlin le dernier DJ à la mode.
        La cérémonie sera (avec Calvi on the Rocks et the Big festival) l’événement de l’été. Prière aux vieillards édentés et aux enfants braillards de s’abstenir. Pour y assister, les amis VIP auront interrompu leurs vacances et notre princesse des temps modernes, clope au bec et bouteille de champagne à la main, les en remerciera en passant derrière les tables de mixage sitôt sonnés les douze coups de minuit.
        Pour recevoir ce beau monde, nul besoin d’un château à pelouse. Une chaumière normande avec buffet champêtre suffit. Ainsi l’ordonnent les préceptes de la New modestie, dont se réclament les stars. À la limite, un restau ou un bar de la capitale fera l’affaire, à condition qu’il soit underground et que les mariés connaissent intimement le patron. L’important c’est que le champagne – Dom Perignon grand cru – coule à flot. Sans parler de tout ce qui circule sans tabou, alcool de pointe et substances illicites. Nous vivons une époque intensément glamour.

Jeanne Ably

Photos : Hélène Pambrun

 

 

Bistronomie

11 juil

Adieu les boîtes de nuit où l’on transpire et risque un tir de fusil de guerre, le nec plus ultra est de sortir dans les restos branchés de l’Ouest parisien. Le bobo, qui tient à sa peau, raffole des choses simples et s’y connaît en bonne bouffe, délaisse les carrés Vip du Baron et du Montana pour une résa à la Régalade ou au Saturne, temples de la bistronomie. Ce concept fait rage depuis peu. Sa toute première évocation est due au jury du sacro-saint Fooding, qui salua en 2004 l’alliance de l’esprit canaille du bistro avec la subtilité d’une gastronomie pointue. À présent s’en réclament tous les Aveyronnais de l’Aveyron et même du Cotentin qui sont montés faire fortune à la capitale. Du coup, les chefs étoilés rangent au placard nappes blanches et cuisine moléculaire et sortent les tables en Formica pour y servir les archi-traditionnels bœuf-carottes et poule au pot. Tatoué et barbe de six jours, ce cuisinier 2012, véritable pointure des temps modernes, rejoint son pote DJ dans les magazines branchés, prend la pose et claque des bises à son client. Lequel se soucie moins de manger pour son argent que de se sentir « à la cool » entre gens du même moule, et de le prouver à tous ses « friends » et « friends de friends ». Ce que facilite le smartphone. Photomanie oblige.

Jeanne Ably

 

 

SWAG

4 juil

De Shakespeare à Kanye West, il n’y a qu’un pas, un pas de vocabulaire. Si le premier utilise le verbe swagger (fanfaronner, frimer) en 1515 dans le Songe d’une nuit d’été, le second se voit couronner « roi du swag » par des contingents de fillettes en compensées et sac à main Martin Margiela.  Réapparu en douce dans les années 30 pour qualifier ce rouleur de mécaniques de Sinatra, puis repris en force par la scène r’n’b américaine, ce terme, dont se pourlèchent quelques hipsters boutonneux et autres journalistes en mal d’anglicismes, signifierait qu’on a de l’allure. Pas élégant (ennuyeux) ni chic (snob et vieillot), mais « stylé ». Cool, quoi – et plus encore. Ce qui compte, c’est la façon dont on porte le vêtement. N’est pas Brando qui veut : lui seul peut s’exhiber en marcel sans friser le Dupont la Joie. Idem pour Nicolas Cage, qui endosse sa veste en croco «comme symbole de sa personnalité et de sa passion pour la  liberté» dans le cultissime Sailor et Lula. Le swag, on l’aura compris, est ce petit truc en plus qui résiste au temps. Cela dit, le vocable en question, qui actuellement se répand comme un virus sur la blogosphère, disparaîtra, soyons-en sûrs, dès que les gourous de la Culture street l’auront jugé indigne de franchir la grille des cours de récré. Au suivant !

Jeanne Ably

 


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