Archive | décembre, 2011

24 déc

Les pipelettes se délectent à Noël. Non de foie gras (contraire à leur éthique) mais des instants de comédie humaine qu’offrent ces festivités. Tout comme le Bolchoï jette ses danseurs dans un finale endiablé, Noël clôt l’année dans les guirlandes et en beauté, pour une apothéose d’homo festivus.
Noël est un sport de combat : homo noelus s’est équipé, depuis des semaines, pour affronter la dictature des cadeaux. Il y a sacrifié son énergie et son portefeuille.
Noël est un sport d’estomac : après le saumon, le champagne, les coquilles saint-jacques et les huîtres, la dinde aux marrons et la bûche, on ne pourra se refuser la truffe à la truffe faite maison ni le digestif au calva servi par le patriarche.
Noël est un sport artistique : combien de dindes seront photographiées ? Combien de pères Noël ? De bambins au milieu d’un chantier de papiers dorés ? De sapins ? De réveillonneurs en lutte contre l’indigestion ? Le tout accompagné par les réseaux sociaux, évidemment. Belle performance.
Au fait, Noël, ça n’avait pas de rapport avec une naissance ? Comment s’appelait l’enfant, déjà ? Était-ce une fille ou un garçon ? Les deux, voyons, selon la théorie du genre.

S.A

DTR

15 déc

Les Américains sont une espèce efficace : plutôt que de perdre leur temps à attendre des SMS qui n’arrivent pas – car c’est ça l’amour au XXIe siècle, n’est-ce pas Beigbeder ? – ils fixent le cadre de la « relation » lors d’une discussion préalable.
Cérémonial qui porte le nom de DTR, pour « Define the Relationship »
Une mise au point, en quelque sorte (MAP).
Façon, en tout cas, de mettre les choses au clair une fois pour toutes. Le Yankee, homme d’action, pragmatique, positif, sportif et aussi fantaisiste qu’une feuille d’impôt, n’a pas de temps à perdre avec ses états d’âme. Dieu lui prouve son existence par la bonne marche des affaires et par la bonne santé de la Bourse, non par les transes de l’amour. Alors, pour lui, le processus est simple : un premier verre en copains, puis un restau en tête à tête deux jours plus tard, enfin une troisième « date » qui sonne l’heure du passage à l’acte.
Au quatrième rendez-vous, on se met d’accord. Soit on se quitte avec une petite larme (et au suivant!). Soit on fixe la date d’un mariage dans le Vermont. Schéma purement mathématique, voire darwiniste. Pas comme chez nous, où pauvres hères nourris au biberon du romantisme catholique, nous naviguons contre vents et marées ( mariées ?) dans les eaux périlleuses de l’amour et du hasard.

À ce sujet, voir la nouvelle série Awkward.

Jeanne Ably

Déboussolés

12 déc

De même qu’on ne peut plus prendre de douches sans penser à « Psychose », ni danser le rock’n roll sans songer à Elvis, personne, à Dieppe, ne boira plus de Jet 31 vodka Perrier sans une pensée émue, et plus qu’émue : aimante, pour Bernard Françoise.

Il y a, comme ça, des gens qui vous marquent à vie, et dont la disparition vous déboussole pour le restant de vos jours.
Six fois, notre père a poussé triomphalement sa porte en annonçant : « C’est une fille ! » L’une après l’autre, nous avons consumé chez lui notre jeunesse. Bonne route, Bernard ! On se retrouve à l’after.

Suzanne Ably

Name-dropping

8 déc

Un moment déjà qu’on entend parler du “name dropping” sans trop savoir ce que c’est. Ce sport consiste à placer des noms célèbres dans la conversation en prenant soin – c’est tout l’art – que l’interlocuteur les connaisse. Ne vous fatiguez pas à parler du contrôleur SNCF à votre soirée au Flore avec Jeff Koons. Racontez-lui plutôt vos vacances à Palavas-les-Flots avec Bernard Thibault. But du jeu : épater la galerie, prouver qu’on est quelqu’un de réinvitable.

Eh oui ! Ne pas compter parmi ses proches au moins un people, ça  le fait moyen! Mais attention, suffit pas d’ effleurer la clavicule d’Emma de Caunes dans les toilettes du Baron. Il faut pouvoir aussi lui claquer la bise et la tutoyer. 

Les écrivains donnent l’exemple : Charles Dantzig, Michel Houellebecq, Frédéric Beigbeder parsèment leurs écrits de noms connus. Idem pour les chanteurs (Vincent Delerm, avec «Fanny Ardant et moi») et pour les cinéastes, qui s’offrent au générique des personnalités réelles  (Lionel Jospin jouant son propre rôle dans «Le nom des gens»).
Le name dropping est ultra-tendance. Il faut s’ y mettre. Jouons le jeu. Comme me le disait hier au téléphone ce cher Barack : “Soyons créatifs, que diable !”

Jeanne Ably



Mais pourquoi tant de haine ?

7 déc

2005 –  « Je vais bien ne t’en fais pas » cartonne. Tandis que la chanson « Lili » du groupe Aaron passe en boucle, la jeune actrice du film, répondant au nom de Mélanie Laurent, fait la « une » des magazines et enchaîne les rôles, jusqu’à en décrocher un dans « Inglorious Bastard » du prestigieux Tarantino aux côtés du non moins prestigieux Brad Pitt.
Mais le conte de fées cafouille. Mélanie Laurent, que tout destinait au décollage foudroyant, a des ratés. En moins de deux, l’idole perd de l’altitude, et il devient presque audacieux d’affirmer qu’elle n’est pas si mauvaise que ça. Dès lors, tout s’enchaîne. Les bourdes se succèdent. Un album avec Damien Rice la précipite dans la catégorie des actrices-françaises-agaçantes-qui-ne-savent-pas-chanter-mais-qui-l’assument. Une vidéo fait le buzz, où on la voit, toute de Sandro et de Maje vêtue, se plaindre de la haine qu’elle suscite.  Et maintenant son film, « les Adoptés ». La comédienne d’à peine 29 ans est désormais réalisatrice : ce n’est pas ce qui va lui rendre la faveur du public. Ce premier long-métrage nous la montre en bobo qui en veut à sa sœur d’avoir raté le brunch du dimanche parce qu’elle a trouvé l’amour et pas elle. Jolie mise en scène (la cinéaste débutante s’est entourée d’une bonne équipe, dans le genre clip), mais trop de clichés, de références à des auteurs anglo-saxons (Mélanie s’y connaît en littérature), de décors de sitcom et de dialogues de fifille. Ultime erreur : l’actrice, Marie Denarnaud, inconnue au bataillon, qui ensoleille par sa justesse et sa fraicheur toute la première partie du film. Mélanie n’aurait pas dû se montrer à côté d’elle. Il y a des risques à ne pas prendre.

J.A

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La manie du mini

2 déc

Dutronc père le chantait : tout est mini dans notre vie. Pourquoi cette fatalité régressive chez nous autres Français ? Cette manie que nous avons de tout réduire au iota. Ça va de la p’tite robe noire au p’tit café en passant par la p’tite balade et la p’tite coupe de cheveux. Règne de la demi-portion. Dictature de Lilliput. Tout est petit, tout est mignon, tout est gentil chez nous. Soit, les Espagnols ont leur « ito », les Italiens leur « ino » , les Portugais leur « inho »,  les Grecs leur « ika », alors pourquoi pas nous ? Le petit haut, c’est tellement plus sympa que le tee-shirt…
Attention tout de même de ne pas sombrer dans la mièvrerie. Ce n’est plus la mère de Marie qui vient chercher sa fille à l’école mais la maman de la petite Marie et bientôt la mamounette de la gentille Riri.
Alors montons sur nos grands chevaux, ouvrons nos grandes gueules et partons en guerre contre l’infantilisme. Filons de ce pas bouffer une bonne grosse  entrecôte bien saignante avec double ration de frites grasses, bordel, selon la consigne de Dutronc fils !

Jeanne Ably

@Blandine Lejeune


 

 

 


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