Archive | mars, 2011

Smoking kills

29 mar

     Si c’était le nom d’un groupe de rock, il s’agirait plus d’un Codplay végétarien que d’un Pete Doherty héroïnomane.

     La génération “smoking kills” a lu les paquets de cigarettes. Du coup, elle essaie d’arrêter de fumer. Elle respecte la planète. Elle roule en Vélib, boit du vin Naturalia et choisit l’option “staycation” pour les vacances. Elle croit en un monde meilleur. Entendez : sans pollution. Elle s’occupe énormément de sa petite santé. Épluchures des cinq fruits et légumes quotidiens dans les sacs jaunes, plastique et boîtes de conserve dans les sacs bleus. Faites l’inverse, vous provoquerez de sa part un frémissement d’horreur. Les peaux de banane, elle les garde pour fabriquer le BRF qui servira à faire pousser des fines herbes sur le balcon.
    Génial, tout ça, et quiconque se moque a mauvais esprit.
    Là où ça se complique, c’est que de l’autre côté de la Manche ils commencent, dit-on, à prohiber la cigarette dans les espaces verts. Déjà la loi en a poussé plus d’un  à s’exhiber aux terrasses de cafés enveloppés de couvertures. Jusqu’où ira-t-on pour nous faire rigoler ?
    Jusqu’à l’interdiction du rire, pour cause de pollution sonore.

Suzanne Ably

 

FAT

24 mar

Le bobo, suite.

Que fait-il le dimanche matin, quand reviennent les beaux jours ?  Il part en foire à tout (FAT). 
Foin de grasse mat’, au diable le croissant-Ricoré familial. Réveil à l’aube, comme à l’armée. C’est le seul moyen d’esquiver la foule et les poussettes, pollution notoire.
Chaussée de souliers tout-terrain, munie de sacs xxl, l’armée des bobos se met en branle. C’est à qui dégotera la lampe sixties assortie au canapé vintage trouvé la veille sur un bout de trottoir, et le flight jacket patiné comme il faut à deux francs six sous.
Tous les coups sont permis : doublement  à gauche, queue de poisson, accélérations éclairs. S’agirait tout de même pas de se faire piquer sous le nez ce 45 tours des Stones repéré à dix kilomètres sud-sud-est. Point non plus de scrupules à arnaquer la petite vieille qui se débarrasserait sans le savoir d’un Rembrandt. La meilleure défense c’est l’attaque. Un seul mot d’ordre : marchander pour obtenir. Plus on entassera, mieux ce sera. Quitte à revendre (à perte) à la prochaine brocante ce qu’on rachètera (plus cher) ensuite. La FAT est une discipline échangiste et circulatoire.

Jeanne Ably

Friends

17 mar

Has been la coloc ! Désormais on achète dans le même immeuble que sa meilleure copine. Avantages multiples : mise en commun de l’appareil à raclette ; partage du parking et du 4 x 4 ; wifi et nounou à deux ; babysitting réciproque et à l’oeil, moyennant un Babyphone en indivision (prions pour qu’il n’y ait ni fuite de gaz ni cambrioleurs trop discrets). Plus de soucis de voisinage, plus de copropriétaire grincheux, fini l’étudiant à tapage nocturne, adieu le quinquagénaire exhibitionniste. Terminés les vols de selles et les litiges de paillassons. C’est le paradis. Le dégât des eaux lui-même devient un délice. Vous voilà peinard chez vous à ne plus vous demander quoi dîner quand le frigo est vide, ni où dormir quand vous avez perdu vos clés. Sans parler de la salière vide au moment de saler le Burger-frites.

Aucune raison de se gêner, ça se fait beaucoup chez nos voisins nordiques et dans nos séries télés. Une sorte de néocommunisme à la mode. “Éco-friendly”, dit-on.

Le bobo, nostalgique de la famille nombreuse et soucieux de l’environnement non moins que de son confort personnel, aime partager. Quand c’est avec ses congénères au sein de son immeuble, cela tourne à la passion.

Jeanne Ably

Le sixième

14 mar

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Cinéma cinéma. Allez voir Les femmes du sixième étage de Philipe Le Guay avant sa disparition de l’affiche. Pour l’Espagne, pour la bonne humeur, pour Kiberlain en bourgeoise des années 50 plus vraie que nature ; et surtout pour Luchini en mari mutant.
    Marchand de biens propriétaire d’un grand appartement dans un beau quartier parisien, sa vision des choses est bouleversée quand il prend conscience, suite à l’embauche d’une bonne espagnole, de l’existence des mansardes du sixième. Tout s’éclaire peu à peu pour lui : ces esclaves sont des femmes, elles ont une vie entre le repassage et la vaisselle, elles dorment, mangent, ont des amis et même vont au “petit coin”. Ébloui, notre bourgeois, moyennant quelques péripéties conjugales, décide d’emménager dans ce sixième.
    Tels une Vanessa Paradis et un Johnny Depp propriétaires de domaines à trente millions de dollars dont ils n’occupent que la parcelle où ils ont planté une caravane pour y fumer pieds nus des cigarettes roulées, Luchini ne veut plus voir, de son immeuble de luxe, que cette soupente miteuse avec sommier sans ressorts.
    Et pour cause! Il y découvre le bonheur, l’amour, l’amitié, le rire, la paëlla et le flamenco, bref son point G, enfin.
    L’épouse délaissée se consolera dans les bras passés à l’huile de lin  d’un artiste peintre. Tant mieux pour elle.
    Ce couple des années 50 nous éclaire sur les racines du bobo  et nous incline à penser que le modèle était en préparation bien avant 68.
    Pour conclure, et puisqu’on vous a tout raconté, on vous donne la suite.
    Les enfants de Luchini et Kiberlain, frais émoulus de leur pension chic, traîneront à Nanterre, battront puis lanceront le pavé. Puis, ils ne se marieront pas. Ils feront quand même quelques enfants, 1,9 selon la statistique de l’INSEE, qu’ils ne baptiseront pas, pour que ces derniers choisissent eux-mêmes à leur majorité.
    Lesquels enfants achèteront un loft a Montreuil, mangeront bio et feront le tri sélectif. Ils liront Télérama. Et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes : le nôtre.

S.A

Simili

12 mar

photo: Blandine Lejeune

 

Dilemme vestimentaire chez le bobo : Comment concilier la vogue actuelle du cadavre de mammifère porté en steak ou en pelisse avec la religion écologique et le respect de la nature ?
Adoptons l’ersatz, endossons le simili ! Acclamons le synthétique !       

La fausse fourrure sera la tendance 2012, et c’est tant mieux. Au nom du hamster et du toutou qu’on a chéris jadis, réjouissons-nous de cette petite trêve dans la tuerie, qui n’altérera en rien notre élégance.

S.A

Auto-célébration

1 mar

Pratique consistant non pas à dire une messe dans une bagnole, mais à fêter son propre anniversaire.
C’est-à-dire, à se féliciter d’être né en invitant tous les copains à faire de même.
La formule s’est étendue au choses, aux morts, aux événements.
D’où le bicentenaire de l’art contemporain, la commémoration du décès de Gainsbourg, la célébration des deux mois de rencontre avec François, des six mois de rupture avec Daniel, des quatre ans et un mois de l’achat de la Smart.
Homo festivus s’est emparé du concept pour en tirer des raouts, et la Culture pour en déduire des expos.
Quant à nous, pipelettes, nous ne publions ces quelques lignes que pour signer notre centième article. Alors, qu’est-qu’on dit ?

Suzanne Ably

 


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