Archive | février, 2011

Die Antwoord

17 fév

C’est le buzz du moment : à Bruxelles, Berlin, Amsterdam, leur nom court sur les lèvres. On mate leur clip en boucle. On fait cinq heures de queue pour les entendre. On se coiffe comme eux.
       Die Antwoord : la France aurait-elle un train de retard ? Je me jette sur mon ordi, honteuse de mon ignorance.
       Pour une révélation, c’en est une.
       Celle d’un trio issu des banlieues afrikaners, à l’attitude provocante et au dialecte exotique, mélange d’argot sud-africain et de langage gangsta.
       Au temps pour moi ! En novembre, les “Inrock”, cette Bible, y étaient allés de leur dithyrambe, à la sortie de leur premier album. Unanimité immédiate de la blogosphère, qui ne tarit plus d’éloges :  “petite bombe” par-ci, “phénomène musical” par-là. Tiens donc  !
       C’est mode. Version relookée des Pieds-Nickelés. Une chanteuse à faux seins, mi-punk, mi-baby-doll, qui casse la gueule à son public (de source sûre) ; un leader ancien taulard à dents en or et tatouages (faits en prison, encore mieux ) ; et un dj atteint de progéria. La recette pour faire recette.
       Ajoutez quelques babioles phalliques et deux ou trois têtes de monstres, c’est le succès garanti. Témoin un clip accueilli en octobre au musée Guggenheim avec rang d’œuvre d’art.  Les adeptes de Gaspard Noé ou Larry Clarck en redemandent : SVP, plus de bites, plus de fesses et plus de doigts d’honneur !
       Voyeurisme ? Qui a dit voyeurisme ?
       Pour voir là-dedans du malsain, du crade et du glauque, il faut être vraiment malsain, crade et glauque.

J.A

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Combinaison gagnante

10 fév

La combinaison est en matière vestimentaire (sous-vestimentaire) ce que le “une-pièce” est au maillot de bain. Supérieurement chic.
Avantages nombreux. Pour n’en citer que deux : raccord parfait entre le haut et le bas, et solution victorieuse pour lutter contre les courants d’air dus au taille-basse.
Inconvénient notable : la simple envie pressante devient  une opération à hauts risques. Un coup de main est à acquérir pour la combinaison gagnante.

S.A

 

 

Dictature du cadeau

9 fév


Anniversaire, fête des mères, pendaison de crémaillère, Saint-Valentin, baby shower, enterrement de vie de jeune fille, départ à la retraite, arrêt maladie, girly, tout est bon pour faire la fête. Mais surtout pour raquer.
       Plus on vous entoure, plus la note est salée. Quatre copines se mariant dans l’année, trois potes nés la même semaine, deux collègues victimes de la grippe A et la moitié de votre salaire y passe.
       L’homme moderne refuse de grandir. Il continue à vouloir déballer des cadeaux sous le sapin. Et il a ses exigences. Liste de Noël, de mariage, d’anniversaire : faudrait tout de même pas recevoir deux fois la même théière. D’ailleurs, qu’est-ce qu’elle en sait, la tante Yvonne, du goût des jeunes ?
       Malgré les factures à payer, le prêt à rembourser, les ados à nourrir, la garde-robe à renflouer, impossible de ne pas participer à la quatrième cagnotte de la semaine pour le congé-maternité de votre collègue tête à claques.
       La moindre réticence vous reléguerait à titre définitif et sans appel au ban de la machine à café.  
       Payer, toujours payer. C’est du civisme. Et qu’on ne vous prenne pas à allonger moins que le voisin. Vous êtes à sec ? Faites un emprunt. Hypothéquez. Exilez-vous. Démerdez-vous. La dictature du cadeau n’a pas le pardon facile.

Jeanne Ably

 

Roulez valises

4 fév

Tous aux abris !
Sur le trottoir, dans les halls de gare, le long des quais, en travers des escalators, la valise à roulettes déploie sa nuisance contondante et confondante.
Ni code de la route ni permis de conduire ne tempèrent la rage qu’ont ses adeptes de vous la balancer dans les guibolles. Nulles règles de priorité, encore moins de feux signalétiques ni d’agents de la circulation. C’est en toute liberté que le monstre rampant a remplacé le bon vieux sac de voyage et sévit sur le bitume. Despote absolu, hermétique aux droits de l’homme, du concitoyen, et du mitoyen. Arme de destruction massive aux mains de l’homo transportus qu’elle ne quitte plus, s’agirait-il seulement pour celui-ci de charrier trois chemises et un peigne.
Et voilà le beau résultat d’une société livrée à l’amour de soi-même. Le héros d’aujourd’hui ne porterait pour rien au monde le bagage de sa femme. Ses efforts et sa sueur, il les réserve pour la dispendieuse salle de gym.
Moyennant quoi, la valise à roulettes, char d’assaut d’un nouveau genre, pulvérise tout ce qui se trouve sur son passage, dans un barouf d’enfer.
Petits et grands, éclopés et binoclards, ruraux ou citadins, marxistes et libéraux, nul n’est épargné. Zéro retranchement possible. A moins que… Non ! par pitié ! Pas de couloirs à valises, monsieur Delanoë ! Les pipelettes préfèrent riposter par leurs propres moyens : poussette, trottinette et fauteuil de paralytique.
La guerre des roulettes est déclarée

J.A

 


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