Succès cinématographique

29 nov

Parlons cinéma. Trois semaines que “Les Petits Mouchoirs” de Guillaume Canet cartonne au box office. Ce, malgré la critique. Pour ne citer que la plus huppée : C’est de régression qu’il faut parler  avec Les Petits Mouchoirs, film aussi vide qu’est grande sa prétention (…) On ignore si Les Petits Mouchoirs  est un film générationnel. Si c’est le cas, on est – pour une fois – heureux de ne plus faire partie de cette génération-là…

    C’est l’histoire d’une petite bande rassemblant un nouveau riche perdu dans ses valeurs matérialistes, un homme-enfant qui ne voit pas plus loin que son dernier SMS, une fille à Birkenstock et cigarettes roulées, un bout-en-train qui cache ses fêlures sous des blagues graveleuses, etc. Traditionnellement chaque été ils se retrouvent au cap Ferret, seulement cette fois le plus drôle du groupe doit rester à Paris pour cause de coma, suite à un accident de scooter. Ses congénères sont tiraillés entre le souci de rester à ses côtés et la tendance de l’homo festivus à partir s’éclater en vacances. La seconde option triomphe, the show must go on. Les joyeux drilles n’en oublieront pas pour autant le moribond : plusieurs caisses de rosé leur permettront de trinquer à sa santé qui se dégrade.

    Guillaume Canet  recherche l’efficacité. Tous ces gens existent, on les connaît, il les réunit en un tableau sociétal cru mais juste. Drame de bobos raconté par un bobo à des bobos, et que les acteurs jouent sans bobo ni  fausse note au son d’une bonne musique.  Que demande Télérama ? Trouve-t-il qu’il pousse dans le genre larmoyant ? S’il y en a qui prétendent n’avoir pas versé une larme à la fin du film, je suis prête à aller inspecter à la sortie le mascara des dames et les lunettes des messieurs.

    Les gens qui n’aiment pas le peuple ont des idées sociales, les gens qui n’aiment pas les enfants ont des idées pédagogiques, dit Pierre Gripari.  À quoi on peut ajouter que les gens qui n’aiment pas le cinéma ont des idées sur  le cinéma et les développent de préférence dans Télérama. Aujourd’hui, pour mériter l’estime de l’auguste critique, le cinéaste doit lui proposer du faux, de l’absurde, de l’ennuyeux et de l’obscène. Ce qui nous fait, nous, mouiller pour de bon nos mouchoirs.

Suzanne Ably

One Response to “Succès cinématographique”

  1. dorothée 28 février 2012 at 16 h 59 min #

    bon vous le savez je n’ai pas aimé le film en objet de l’article, mais l’article m’éclaire… Vous mettez le doigt sur quelque chose de très vrai : il cherche l’efficacité (du box office) ; s’il avait vraiment voulu peindre un « tableau sociétal » il aurait planté sa caméra dans sa jolie maison du cap ferret, entouré de ses jolis amis minés par leurs terribles problèmes (de couple, de drogue, d’argent, de carrière) et il aurait fait un documentaire d’immersion ! Quant à Télérama, ça fait bien longtemps que ceux qui FONT du cinéma ne le lisent plus et vous avez raison, c’est tant mieux !
    PS : Au fait Guillaume, les anthropologues ne travaillent plus au nagra et les kiné n’ont pas tous leurs diplômes accrochés au dessus de leur bureau 😉

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