Styliste et thanatopracteur, même combat

3 nov

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Leur métier c’est pareil : ils rhabillent. Ils parent les corps en les couvrant. L’un orne des squelettes pour les faire défiler. L’autre maquille de futurs squelettes qui se sont défilés. Dans les deux cas, étoffes et d’ornements sont rehaussés, mis en valeur par la coiffure et les bijoux.

    Malgré ces points communs, ces deux artistes ont une façon de faire inversée.
Le styliste impose son vestiaire funèbre à la masse festive (cf : article ”mode et religion” ). L’embaumeur remet un peu de gaieté sur son client à l’intention d’une poignée de larmoyants.
Aussi, leur condition sociale est à mille lieux l’une de l’autre.
Quand le premier réussit, on parle de lui durant quatre fashion weeks et Kate Moss lui claque la bise. Quand le second fait simplement son boulot, c’est dans la plus parfaite confidentialité. Et pourtant, celui-ci n’est pourtant pas moins talentueux ni méritant que celui-là.
La mort, la vraie, la réelle, la moche, la définitive, n’est pas en vogue. Son nom même ne se prononce plus. Peu à peu, il se retire des dictionnaires, où “décès”, “disparition”, “départ” le remplacent avantageusement.
Curieuse époque, où le dernier acte de la vie s’absente du discours mais envahit les mœurs.
Le fin du fin aujourd’hui consiste à endeuiller la vie tout en évacuant la mort.
Alors, soyons dans le vent. Habillons-nous de noir, et jouons aux fantômes mais chassons-les.

S.A


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