Dandy
4 nov
Ils passent plus de temps que nous dans la salle de bains et manient le sèche-cheveux en virtuoses. Signes particuliers : jean slim et talons hauts. Pourtant, vous avez bien lu : « ils ». Des cocktails littéraires (Begbeider) à la scène rock (Pete Doherty) en passant par les sauteries mondaines (Karl Lagerfeld) ou les sorties de lycée où ils pullulent, les dandys – race issue de l’Angleterre d’Oscar Wilde – opèrent un retour en force dans nos salons post-modernes.
On les reconnaît facilement : carré de soie au cou, chemise à carreaux près du corps, veston croisé, œillet à la boutonnière, bagouses à chaque doigt, brushing savamment déstructuré, éternelle barbe de trois jours. Le dandy 2009, même s’il a laissé tomber la lavallière, le binocle et la canne à pommeau, soigne son look aussi scrupuleusement que le faisait son ancêtre victorien. Nul détail de sa panoplie n’est laissé au hasard. Toujours au top, même après une nuit blanche, seize heures de garde à vue et un passage à tabac, le Brummel nouvelle génération n’hésite pas à changer trois fois de chemise dans la même après-midi et ne passe jamais devant un miroir ou une vitrine sans s’y reluquer scrupuleusement de la tête aux pieds : des fois qu’il aurait une mèche de travers ou un mauvais pli au pantalon.
La clope au bec et la réplique cinglante, l’air ténébreux et le mépris facile, il brille par sa culture et cultive son brillant. Avant d’être un style vestimentaire, le dandysme, à l’instar du rock n’roll, est un état d’esprit, un mode de vie. Ne s’improvise pas dandy qui veut. Alors méfiance : derrière tous les insolents et junkies à jean slim, se cachent pas mal de goujats. À vous de les démasquer.
Jeanne Ably
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