Street fishing
3 oct
Paris, poupée russe : plusieurs villes en une…
Derrière les pavés, la plage. On connaissait le slogan. On en savoure la mise en œuvre : Paris-Plage. Sous des falaises en forme de Notre-Dame et sur un sable synthétique, des marchands de glace vendent de vrais esquimaux. Pas des Inuits, mais des bâtonnets glacés. Ici les foules bronzent mais ne plongent pas. Le grand Philippe Muray (ressuscité au théâtre par Fabrice Luchini) leur a trouvé un nom : les “plagistes de la Mairie de Paris”. Il les range dans une catégorie sociale : “les classes baigneuses”.
Paris, station balnéaire ? C’est oublier ses pistes de ski. Souvenez-vous du stade Charléty avec fausse neige sponsorisée, et les patinoires artificielles de l’Hôtel de Ville, du Trocadéro et de Montparnasse.
Paris, cité polyvalente, tantôt Deauville, tantôt Megève. Et maintenant, Paris bords de Marne. Une nouvelle mode y fait rage : la pêche, avec canne et hameçon. Ça s’appelle le street fishing. Seul le décor change : tags et trottoirs remplacent le saule et la pâquerette.
Du reste, pourquoi partir ? Pourquoi descendre à Marseille pointer le cochonnet, pastis en main. Pourquoi aller poser ses fesses sur l’inconfortable galet d’Étretat (voir l’excellent Les pieds dans l’eau, de Benoît Duteurtre), ou se les mouiller sur la berge d’une rivière limousine. Restons sur place, puisque ça mord en bas de chez nous.
Nous n’aurons plus jamais besoin d’aller ailleurs.
Adieu Sncf, au revoir Roissy, vaincus par le concept Staycation. Vous êtes en train de faire faillite.
L’ennui, c’est que nous n’avons jamais ressenti un tel besoin de changer d’air.
Suzanne Ably
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