Staycation

1 juin

Terminées les vacances trois étoiles sur des yachts en plein Pacifique, désormais on reste chez soi. Crise oblige, le « staycation », néologisme combinant « stay » et  « vacation », gagne du terrain chez nos amis les branchés. Il devient leur mode privilégié de farniente : profiter des bienfaits de sa ville, tout en réduisant l’émission de gaz carbonique. Rien de plus bobo, puisque écolo. Même Sarkozy a renoncé  à l’ordre de Malte pour le désordre d’une villa dans le Midi. Quant à Johnny, qui dit qu’il ne prétextera pas son récent coup de mou américain pour passer un peu de temps avec Laetitia et les gosses dans le Val-de-Marne ?

        L’été arrive, et Paris au mois d’août, depuis le temps qu’Aznavour nous en rebat les oreilles, pourquoi ne pas essayer.
Programme chargé : bronzette à Paris-plage, ciné en plein air à la Villette, pique-nique sur les bords du canal saint-Martin, concerts de rock au pont de Saint-Cloud, etc. Occasion, en outre, d’écumer les  terres cultivables de la Ville lumière, entendez ses musées et autres expos, dont raffole le « cultivated people ».
Les plus chanceux s’accorderont quelques week-ends dans la maison familiale, non loin de la capitale, à charge pour eux de tondre le gazon des ancêtres et de terminer enfin le premier tome de la Recherche du temps perdu qui moisit dans la bibliothèque…
En fait de temps perdu, ceux-là économiseront les moments qu’ils passaient dans les halls d’aéroports et les embouteillages. Et puis, rien de plus harassant que les voyages. Quant à leur coût, n’en parlons pas. Plutôt que de se ruiner en location sur la Costa Brava ou en thalassothérapie avec le troisième âge égrotant, les malins repeindront leur cuisine et rénoveront leurs tuyauteries. Toutes leurs tuyauteries (régime alimentaire à prévoir). Ils ne s’en porteront que mieux. Bref, on va loin en ne partant pas. Sans parler du pied-de-nez fait au racket du tourisme et des loisirs, qui a érigé en juteux impératif culturel le devoir de vacances et l’obligation des congés. Pied-de-nez est un terme poli. On peut lui préférer le moderne bras d’honneur.

Jeanne Ably

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