Et Dieu créa…Bardot

7 nov

Je sors de l’exposition « Les années d’insouciance » au musée des Années 30 à Boulogne avec, en tête, bien moins l’envie pressante de me procurer une jupe Vichy qu’une intuition métaphysique  : Dieu existe, puisqu’Il a créé Bardot. Qui d’autre que Lui aurait réussi cet exploit ?
B.B. c’est l’apothéose de la grâce, le triomphe du tempérament, c’est une féminité qui s’exacerbe au moindre battement de cils, au plus discret frémissement d’orteil. Démarche de rêve, perfection de la ligne, pureté des traits. Tant de beauté n’a pu résulter d’un simple rapprochement hasardeux de molécules. On ne nous la fera pas : il y a eu Quelqu’un, là-haut, pour façonner cette merveille, pour concevoir et réaliser ce pur prototype de la femme “haute couture”, pensé au centimètre près.
D’entrée on la trouve au seuil de sa carrière, d’abord Brigitte joufflue qui fait ses premiers mètres à vélo, puis Brigitte à appareil dentaire. On suit son parcours de mannequin pour “Elle”, ses débuts à l’écran. On franchit un seuil et l’étape Vadim – et Brigitte devient Bardot : vedette de cinéma, monstre sacré, star planétaire dont le magnétisme animal affole les hommes, et symbole d’une certaine libération de la femme (la vraie libération, pas l’autre).
Salle suivante : Saint-Tropez, la Madrague… On lit ses cartes postales, on effleure les robes qu’elles a portées… Plus loin, son tableau de chasse. On compare les amants. Une suite de photos alignées sur le mur. On dira ce qu’on voudra de ces garçons : ils ont affronté le mythe, et il fallait le faire.
Pas question de tout énumérer. Impossible, tant est riche la masse des archives. On ressort des lieux avec l’impression trouble et double d’avoir rencontré une femme et un mirage. Femme au parcours unique, toujours vaillante, meurtrie en bout de course par le poids d’une célébrité surhumaine.  Mirage de la gloire, rôle trop lourd pour ces épaules si frêles, si dorées, jolies à briser le coeur.
Porte-drapeau des reléguées du second plan (la ménagère des années 50 et la pauvre bête tout juste bonne à faire un manteau de fourrure ou à servir de cobaye aux gens de laboratoire), B.B. a tenu le coup, évoluant à contre-courant, bravant l’opinion, assumant le scandale, tenant tête à l’OAS, se fichant des conventions, brûlant sa vie et s’inclinant devant le général de Gaulle. Chapeau !
N’en déplaise à ses détracteurs, qui voient de la politique là où il n’y eut que du sentiment et de la flamme, Bardot est un écrin splendide qui ne peut abriter qu’un diamant.

Suzanne Ably


2 Responses to “Et Dieu créa…Bardot”

  1. Olivia 15 novembre 2014 at 19 h 02 min #

    Merci pour cet article (vraiment bien écrit soit dit en passant) qui rend un magnifique hommage à BB ! Bravo et bonne continuation :)

    • lespipelettesdebelleville 25 novembre 2014 at 17 h 18 min #

      Mille mercis pour votre lecture et pour vos compliments qui nous touchent ! Suzanne et Jeanne

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